Libye: l’Otan relaie les Etats-Unis pour la coordination des opérations
L’Otan a pris en main jeudi l’ensemble des opérations menées en Libye, y compris les bombardements au sol qu’une minorité des 28 alliés effectueront, relayant ainsi la coalition multinationale que les Etats-Unis coordonnaient depuis le 19 mars.
« Jeudi matin à 06H00 GMT, l’Otan a pris les commandes des opérations aériennes internationales en Libye », a annoncé dans une déclaration le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen.
« L’alliance a tous les moyens en place pour conduire ses missions sous le chapeau de l’opération « Protecteur unifié »: l’embargo sur les armes, la zone d’exclusion aérienne, et les actions destinées à protéger les civils et les centres urbains », a-t-il affirmé.
L’Alliance atlantique, d’un centre régional de l’Otan à Naples (sud de l’Italie) sous commandement du général canadien Charles Bouchard, a donc désormais la responsabilité des frappes en Libye jusque-là assumée par la coalition menée par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne.
L’opération est placée sous l’autorité du grand quartier général allié en Europe, à Mons (sud de la Belgique), et en particulier du commandant en chef adjoint, le général britannique Richard Shirreff.
C’est « en conformité avec le mandat donné par la résolution 1973 des Nations unies », que « l’Otan se concentre sur la protection des civils et des zones d’habitat civil contre des attaques », a souligné M. Rasmussen.
La Belgique, la France, le Canada, le Danemark et la Grande-Bretagne estiment que cette résolution leur donne le droit de continuer à cibler les forces libyennes du colonel Mouammar Kadhafi qui menaceraient les populations.
D’autres pays, comme la Turquie et les Pays-Bas, n’ont en revanche pas donné à leurs avions l’autorisation de participer à des frappes.
Certains membres, notamment l’Allemagne et de petits pays alliés, sont totalement absents, par volonté politique ou par insuffisance de moyens, même s’ils contribuent aux états-majors permanents de l’Otan mis à contribution pour soutenir « Protecteur unifié ».
L’Otan avait commencé à assumer le contrôle partiel des opérations mercredi matin « avec un décalage d’une journée sur ce qui était initialement prévu, dû à la grande complexité » du transfert, a indiqué un diplomate.
Le transfert à l’Otan permettra aux Etats-Unis de se mettre en retrait, conformément aux voeux répétés du président Barack Obama, soucieux de ne pas trop impliquer son pays dans une autre expédition militaire coûteuse et lointaine, alors que l’Afghanistan réclame déjà toute son attention et que l’Irak n’est pas stabilisée.
Les alliés européens de Washington pourront cependant compter sur les Américains pour leur fournir « à la demande » des moyens –notamment en matière de renseignement et de brouillage– qui leur manquent, a expliqué le même diplomate.
Les Européens disposent de suffisamment d’avions pour effectuer des raids contre les troupes libyennes, tout en assumant les autres missions dont s’est chargée l’Otan: zone d’exclusion aérienne et contrôle de l’embargo sur les armes.
Ces opérations risquent toutefois de grever des budgets militaires nationaux déjà mal en point, et il reste aux pays de l’Otan à s’entendre sur le partage des coûts.
Comme d’habitude, chaque pays payera pour les effectifs, le carburant et les munitions qu’il utilise. En revanche, se pose la question du remboursement des moyens déployés pour les missions vitales de reconnaissance, notamment les drones et avions-radars Awacs.
Le budget « opérations » annuel de l’Otan n’est que de 450 millions d’euros, et il est déjà insuffisant pour cause d’intervention en Afghanistan.
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