Ras Lanouf, nouvelle étape dans la marche victorieuse de la rébellion libyenne
Dans leur fuite éperdue, les soldats du colonel Kadhafi ont tout abandonné: munitions par caisses entières, missiles alignés sur le sable, équipement. A Ras Lanouf, face à l’avancée des insurgés, ils n’ont tenu que quelques heures.
![Ras Lanouf, nouvelle étape dans la marche victorieuse de la rébellion libyenne © AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2011/03/27/photo_1301231539065-1-01.jpg)
Ras Lanouf, nouvelle étape dans la marche victorieuse de la rébellion libyenne © AFP
Très affaiblis par les frappes de l’aviation alliée, harcelés par les rebelles, ils ont évacué à la hâte, dans la nuit de samedi à dimanche, ce port pétrolier perdu en plein désert à 370 km à l’est de Benghazi.
Deux semi-remorques gisent au bord de la route. Réduits en miettes, calcinés, ils ont visiblement été pris pour cible par des missiles air-sol. Le terrain, noirci sur des centaines de mètres, est jonché de douilles d’armes de gros calibres, de la mitrailleuse aux missiles lancés par les orgues de Staline.
Treillis complet mais claquettes aux pieds, Mohsen Omar, 30 ans, venu de Benghazi, raconte: « Ils ont fui hier soir, vers huit heures, après le raid aérien. . . Ils ont pris la fuite, et aujourd’hui nous les poursuivons. On ne s’arrête pas avant d’avoir libéré Misrata, et puis Tripoli ! »
Un pickup chargé d’insurgés en liesse passe en trombe. Ils chantent: « Zone d’exclusion aérienne ! Maintenant, c’est d’homme à homme » !
Rabih Ali, 28 ans, poursuit le récit: « Juste après le passage de l’avion ou de l’hélicoptère, dans la soirée, nous avons attaqué, mais ils étaient déjà en train de fuir. C’était facile. On continue, on ne s’arrête pas avant Syrte ! »
Après avoir pris samedi à l’aube le contrôle d’Ajdabiya, la grande ville de la région à 200 km de là, les forces rebelles continuaient dimanche à pousser leur avantage, à la faveur d’un repli des troupes de Tripoli qui prend de plus en plus des allures de déroute.
Ils ont ainsi pris la localité de Ben Jawad, à une cinquantaine de km à l’ouest de Ras Lanouf.
Dans cette plaine côtière désertique, sans un relief pour se retrancher, sans agglomérations dans lesquelles se cacher, les forces de Kadhafi sont à la merci de l’aviation alliée, qui semble avoir détruit à Ajdabiya leurs derniers blindés.
Selon des insurgés interrogés par l’AFP, c’est le plus souvent à bord de voitures civiles, plus discrètes, que les soldats libyens se replient, de nuit.
Aucune position défensive ne devrait leur permettre de ralentir l’avancée des révolutionnaires avant la ville de Syrte (environ 100. 000 habitants), lieu de naissance du colonel Kadhafi où l’on peut s’attendre à une plus âpre résistance.
Sous l’arche de fer marquant l’entrée de la localité de Ras Lanouf (un ensemble de villas et de bâtiments construit pour les travailleurs du pétrole), des jeunes gens en liesse brûlent le drapeau vert de la Libye, crient leur joie, tirent en l’air.
Un bus transportant une vingtaine d’Africains terrifiés est arrêté. « Ce sont des prisonniers, nous les avons capturés dans le terminal pétrolier », assure un rebelle. « Nous les conduisons à Benghazi pour vérifier que ce ne sont pas des mercenaires ».
A 42 ans, Salem Ali donne des ordres et semble obéi par des insurgés dont la discipline n’est pas le point fort. « Mon frère a été tué en 1993 par les hommes de Kadhafi. L’heure de la vengeance a sonné. Nous attendons des renforts, du ravitaillement et ce soir, nous serons aux portes de Syrte. Nous ne les lâchons plus. Merci la France, merci l’Angleterre ! «
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