Algérie: la contestation ne désarme pas, fixe rendez-vous samedi et dimanche
Loin de désarmer, la contestation en Algérie s’étend avec des grèves, des sit-in parfois violents et deux manifestations prévues samedi et dimanche à Alger, maintenant la pression de la rue en faveur d’un changement de régime.
Ainsi le 49e anniversaire du cessez-le-feu qui a mené à l’indépendance de l’Algérie le 19 mars sera marqué par une marche des jeunes devant la Grande Poste d’Alger, suivie le lendemain par une autre du Comité national des chômeurs, créé le 6 février, pour faire entendre ses revendications.
L’appel à manifester samedi a été lancé sur Facebook par « des jeunes Algériens » au début du mois sans que ses initiateurs se soient initialement identifiés. Mais ils ont levé un voile mercredi soir avec quelques journalistes à Alger, car sur la page d’accueil du groupe sur le réseau social, des critiques apparaissaient: « L’anonymat sert à manipuler les gens. Vous êtes forcément un parti politique qui se cache ».
Mais, explique à l’AFP Amine, 29 ans, l’un des participants de cette initiative, ce 19 mars « doit marquer un tournant important pour montrer que notre démarche est indépendante des partis politiques ».
« Nous voulons tous nous retrouver et marcher jusqu’à la présidence (de la République) pour exprimer notre revendication de changement, mais chacun viendra avec son idée du changement », ajoute ce cadre dans une entreprise.
Les autorités marqueront pour leur part cet anniversaire par une conférence sur le thème « la révolution algérienne: volonté, victoire et fidélité », axée sur « la criminalisation du colonialisme et la mise à nu des pratiques de l’occupation française », selon un organisateur cité par l’agence APS.
Le lendemain, le tout nouveau Comité national des chômeurs, créé le 6 février, tentera une marche depuis la place du 1er mai pour réclamer un travail décent, une allocation chômage à hauteur de 50% du salaire minimum garanti, la pérennisation des contractuels et des mesures de protection contre le travail précaire.
L’Algérie est secouée depuis plusieurs semaines par des mouvements sociaux touchant tous les secteurs de la société. Le gouvernement a répondu par d’importantes promesses de financement de projets sans avoir réussi à mettre un terme aux revendications politiques et aux grèves sauvages dans tout le pays.
Ces derniers jours, les étudiants, les médecins en spécialisation dans les hôpitaux et diverses catégories d’employés, dont les gardes communaux, ont bruyamment manifesté et fait grève.
En janvier des émeutes contre la cherté de la vie ont fait cinq morts et plus de 800 blessés.
Face à cette situation divers mouvements de la société civile, des personnalités de l’opposition et des partis politiques se sont regroupés, encouragés par la vague de contestation dans le monde arabe, pour tenter de canaliser le mouvement et réclamer un changement profond du système politique. Ils ont créé le 21 janvier la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), qui s’est finalement scindée, mais chacun reste séparément actif.
« Le peuple algérien aspire à un changement radical, à un changement de régime et non à un changement dans le régime », écrit jeudi dans une tribune un fondateur de la CNCD, le président d’honneur de la Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADDH) Ali Yahia Abdennour, 90 ans.
« Comme au temps du colonialisme, le peuple algérien ne dispose pas de ses droits et les clans du pouvoir se comportent en seigneurs et maîtres », ajoute cet avocat qui évoque l’anniversaire du cessez-le-feu par un commentaire amer: l’Algérie est désormais victime d’un « colonialisme interne ».
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