Tunisie: des femmes craignent une islamisation de la société

Des centaines de Tunisiennes ont exprimé dimanche lors d’une conférence à Tunis leur « hantise » d’une remise en cause des acquis de la femme et exigé la séparation de l’Etat et de la religion dans la future Constitution.

Tunisie: des femmes craignent une islamisation de la société © AFP

Tunisie: des femmes craignent une islamisation de la société © AFP

Publié le 13 mars 2011 Lecture : 2 minutes.

« Il n’est pas question de faire des concessions sur nos acquis, ni d’accepter l’obscurantisme de ceux qui veulent nous ramener 14 siècles en arrière », a lancé l’activiste Fathia Baazi, lors d’une « conférence nationale des femmes pour l’égalité et la citoyenneté », organisée par quatre ONG locales, dont l’Association tunisienne des femmes démocrates.

Les deux partis islamistes « Ennahda et le Hizb At-Tahrir sont les deux faces d’une même monnaie », a ajouté Mme Baazi, venue de Kasserine (centre-ouest), l’un des foyers de la contestation qui a fait chuter le président Ben Ali.

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Ennahda a été légalisé début mars, 30 ans après sa création et dit s’accommoder des acquis de la femme inscrits dans le Code de statut personnel (CNP).

Promulgué dès 1956, le CNP abolit la polygamie et la répudiation, une exception dans le monde arabe.

Plus radical et partisan de la restauration du Califat islamique, le Hizb At-Tahrir s’est vu refuser samedi sa légalisation ainsi que deux formations islamistes.

« Après la révolution, des groupes islamistes ont dit qu’ils ne remettraient pas en cause les droits des femmes mais Ennahda et Hizb At-Tahrir ont indiqué qu’ils n’acceptaient pas l’égalité avec l’homme en matière d’héritage », a renchéri Alya Chérif Chammari du Collectif « 95 Maghreb-Egalité ».

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Elle se référait à la loi islamique qui, en matière d’héritage, accorde à la femme la moitié de la part de l’homme.

C’est sur cette question d’héritage que la Tunisie post-Ben Ali n’a pas encore levé une réserve sur la Convention internationale contre toute forme de discrimination envers la femme, a rappelé l’ancien ministre des Affaires étrangères, Ahmed Ouaneïs.

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« L’égalité entre l’homme et la femme ne peut être effective que par une séparation entre l’Etat et la religion », a prévenu Mme Chammari.

La future constitution devra souligner « le principe de la séparation entre la religion et l’Etat, la parité femmes/hommes dans toutes les instances élues et les principes de l’égalité et de non-discrimination », selon un projet de document soumis à la conférence.

Les mosquées doivent être tenues « à l’écart de la politique », a ajouté Mme Chammami, se faisant l’écho de craintes de voir des groupes islamistes et intégristes les utiliser pour préparer les élections du 24 juillet.

« Pourtant durant la révolution, aucun slogan religieux n’a été scandé », a rappelé une participante.

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