Tibéhirine: manipulation pour exercer un « chantage » sur la France » (témoin)

L’enlèvement des moines français de Tibéhirine (Algérie) a été commandité par la sécurité militaire algérienne pour « faire un chantage vis-à-vis de la France et jeter un discrédit sur les mouvements islamistes », a affirmé à un juge français, fin 2010, un ex-officier algérien.

Tibéhirine: manipulation pour exercer un « chantage » sur la France » (témoin) © AFP

Tibéhirine: manipulation pour exercer un « chantage » sur la France » (témoin) © AFP

Publié le 11 mars 2011 Lecture : 2 minutes.

Le procès-verbal de l’audition de ce témoin, Abdelkader Tigha, est publié vendredi sur le site internet de la radio publique France Inter.

Après plusieurs tentatives d’audition avortées, le juge antiterroriste Marc Trévidic, chargé de l’enquête sur la mort en 1996 des sept moines, avait entendu en novembre 2010 à Amsterdam (Pays-Bas) cet ancien officier militaire en poste à Blida (sud d’Alger) au moment de l’enlèvement.

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« Il s’agissait d’un mouvement axé sur la manipulation et l’infiltration permettant de faire du chantage vis-à-vis de la France et de jeter le discrédit sur les mouvements islamistes », a dit Abdelkader Tigha, lors de son audition.

M. Tigha, expulsé de la France vers les Pays-Bas en 2007, avait affirmé dès 2002 au journal Libération, trois ans après son départ d’Algérie, que la Sécurité militaire algérienne avait organisé l’enlèvement.

Les sept moines trappistes ont été enlevés le 26 mars 1996 et séquestrés pendant deux mois avant d?être décapités.

Selon M. Tigha, « les GIA, (groupes islamistes armés, NDLR) étaient en train de gagner » et le général Smaïn Lamari, patron de la DCE algérienne (Direction du contre-espionnage) à l’époque « n’avait qu’une seule option, à savoir l’infiltration ».

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« Les GIA ont enlevé les moines (. . . ) les services secrets avaient organisé l’enlèvement », raconte M. Tigha selon lequel les moines ont ensuite « séjourné dans les locaux militaires de Blida à environ 48 km de Tibéhirine ».

Mais « je n’ai pas vu entrer les moines, j’ai vu entrer les véhicules », précise-t-il. Ensuite, « une opération militaire a alors été engagée pour donner l’impression que l’on recherchait les moines de manière sérieuse ».

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Pour l’avocat des parties civiles, Me Patrick Baudouin, le témoignage de M. Tigha « n’est pas nouveau » mais « il est important », car « c’est la première fois qu’il s’exprime dans le cadre de l’enquête judiciaire ».

« Il confirme ce qu’il avait dit et écrit notamment sur les conditions de l’enlèvement des moines », a indiqué Me Baudouin à l’AFP. Selon lui, le témoignage « est à prendre avec beaucoup de sérieux mais aussi de précaution ».

« Il est le seul à faire ce témoignage, il faudrait que cela soit conforté » par d’autres témoignages.

M. Tigha devrait être à nouveau interrogé par le juge Trévidic pour préciser ses déclarations.

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