Manifestation avortée contre le président angolais Dos Santos
Un rassemblement contre le président angolais José Eduardo Dos Santos, au pouvoir depuis 32 ans, a été reporté lundi après l’interpellation dans la nuit de quinze personnes, relâchées depuis.
« Ils sont une quinzaine à avoir été arrêtés et ils ont tous été libérés, » a déclaré à l?AFP Victor Silva, directeur de l’hebdomadaire indépendant Novo Jornal, dont des journalistes avaient été interpellés.
Deux journalistes de Novo Jornal, un photographe et leur chauffeur avaient été arrêtés avec d?autres personnes présentes sur la Place du 1er mai, au centre de Luanda, « sans aucun motif apparent, alors qu’ils souhaitaient faire un reportage sur la tenue ou non de la manifestation », a ajouté M. Silva.
La police n’était pas immédiatement joignable pour commenter ces informations.
Des appels « à marcher dans tout l’Angola pour exiger le départ de +Zédu+ (surnom du président), de ses ministres et de ses compagnons corrompus » circulent depuis plusieurs jours sur l’internet. Mais la manifestation principale, convoquée pour dimanche à minuit Place du 1er mai, a été avortée.
Un nouveau rendez-vous, dans l’après-midi de lundi, ne semblait pas avoir davantage de succès. La correspondante de l’AFP n’a vu aucun rassemblement sur la place, où la présence policière était plus importante qu’en temps normal.
Le principal parti d’opposition, l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita), a refusé de se rallier aux appels, faute de connaître les organisateurs.
L’un de ces derniers, Mangovo Ngoyo, est issu du mouvement indépendantiste cabindais, une enclave séparatiste au nord du pays.
« Cette manifestation anonyme, de nuit, spontanée, est une provocation qui n’a pas de sens », estimait dimanche Justino Pinto de Andrade, économiste à l’Université catholique, en qualifiant cet appel de « blague de carnaval ».
Malgré le peu de crédit accordé à l’appel, le gouvernement a réagi avec vigueur, promettant de sévir contre tout débordement. Il avait convoqué samedi une contre-manifestation, qui a rassemblé des dizaines de milliers de personnes en sa faveur dans plusieurs villes du pays.
« Cela démontre une certaine anxiété de la part du MPLA (Mouvement populaire pour la libération de l’Angola), qui a peur » d’un mouvement inspiré des révoltes populaires en Tunisie ou Egypte, selon Justino Pinto de Andrade.
« Il y a assez d’ingrédients en Angola pour que les gens se sentent concernés par ce qui se passe en Afrique du Nord, surtout sur un plan social et politique, » ajoute Elias Isaac de la fondation Open Society (du philanthrope américain George Soros).
Bien que l’Angola soit le premier producteur de pétrole du continent avec le Nigeria, « plus de 75% de la population vit dans la pauvreté. Les gens n’ont pas accès à l’eau ni à l?électricité, il y a du chômage, les systèmes de santé et d’éducation fonctionnent mal », rappelle-t-il.
Mais le peuple angolais, qui a connu près de trois décennies de guerre civile (1975-2002), n’envisage pas de reprendre les armes, selon Elias Isaac: « la paix a seulement huit ans et le peuple, qui avait tout perdu, n’est pas prêt à lâcher le peu qu’il a acquis » depuis le cessez-le-feu.
« Il n’y a pas pour l’instant de mouvement organisé, et il n’y a pas encore assez de prise de conscience, » renchérit Justino Pinto de Andrade.
Malgré tout, estime le journaliste d’investigation Rafael Marques, « tout cela a le mérite de créer un débat sur l’idée de changement de régime politique. «
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