Les femmes séropositives des pays du Sud s’en sortent mieux que les hommes
Contrairement aux idées établies, les femmes des pays du Sud qui vivent avec le virus du sida s’en sortent plutôt mieux que les hommes dans la même situation, utilisant plus qu’eux les services de dépistage et de traitement.
A l’occasion de la Journée des femmes, l’Agence française de recherches sur le sida (Anrs) a rassemblé 16 études de chercheurs sous le titre « Les femmes à l’épreuve du VIH dans les pays du Sud ». Ces études, réalisées notamment au Burkina Faso, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, mais aussi en Thaïlande ou au Cambodge, battent en brèche l’image de la femme victime dans des sociétés où l’homme a le beau rôle.
Plus de 80% des femmes atteintes par le VIH vivent en Afrique, où elles représentent 60% des personnes vivant avec le virus. Parmi les causes de cette surcontamination, on avance la multiplicité de partenaires des hommes, notamment des femmes jeunes plus susceptibles que d’autres d’être infectées, les relations forcées (dont déchirures, absence de préservatif), la vulnérabilité des prostituées. . .
Plus fragiles et plus atteintes, ces femmes, depuis quelques années, accèdent toutefois plus tôt au dépistage et donc au traitement, ce qui « réduit la surmortalité importante liée à une prise en charge tardive ».
Elles sont dépistées dans le cadre du programme de prévention de la transmission mère-enfant (PTME). En outre, mères ou futures mères, elles sont plus responsables et n’ont pas de honte à être vues dans des centres de traitement. La PTME leur donne en outre l’occasion de parler de santé sexuelle.
Au Cameroun, si le traitement antirétroviral est « un objet de dissimulation » pour les hommes, il est « un support de relations sociales » pour les femmes.
Dans les pays d’Asie, comme la Thaïlande, les femmes sont un peu moins infectées que les hommes par le virus mais elles se font dépister elles aussi plus tôt que les hommes, souvent stigmatisés pour leur comportement à risque, et donc muets sur leur séropositivité.
De même, au Burkina Faso, « les normes sociales relatives au genre leur imposent d’éviter ou de retarder leur recours aux services qui leur sont ouverts en matière de prise en charge de l’infection à VIH », écrivent les chercheurs.
« Les hommes sont soumis à une forme différente de vulnérabilité sociale », estiment les auteurs du livre, qui sera présenté lundi dans plusieurs pays africains.
L’ouvrage, de 256 pages, est gratuit et peut être téléchargé sur le site internet de l’Anrs (www. anrs. fr).
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