Souleymane Cissé, deux sacres au Fespaco et « l’éternité » pour lui

Il a déjà « l’éternité » pour lui: le réalisateur malien Souleymane Cissé est le seul à avoir remporté deux Etalons de Yennenga, plus haute distinction du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), dont la 22e édition s’achève samedi.

Souleymane Cissé, deux sacres au Fespaco et « l’éternité » pour lui © AFP

Souleymane Cissé, deux sacres au Fespaco et « l’éternité » pour lui © AFP

Publié le 2 mars 2011 Lecture : 2 minutes.

A bientôt 71 ans, la passion l’anime toujours même si, lauréat en 1979 avec « Baara » (Le Travail) et en 1985 avec « Fin Yé » (Le Vent), il a depuis quinze ans laissé « la place aux jeunes ».

Q: Que vous ont apporté vos deux sacres au Fespaco?

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R: Ca donne le respect, toute l’éternité on te reconnaîtra comme lauréat de l’Etalon de Yennenga. Ces prix ont été des signes forts d’encouragement pour moi dans ce métier, si bien qu’après « Baara » en 1979, j’ai fait « Fin Yé » et ensuite « Yeleen ».

Du moment que tu portes l’Etalon, tu n’as plus droit à l’erreur, tu ne dois plus chuter. C’est une distinction lourde à traîner, les autres lauréats vous le diront.

Ca donne une reconnaissance internationale. Les titres ont un tout petit peu amélioré l’obtention des financements pour les autres films, mais pas comme on le souhaiterait. C’est pas comme si on avait la Palme d’or à Cannes!

Q: Les films primés à Ouagadougou ne rencontrent pas souvent le succès escompté, qu’en fut-il pour vous?

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R: Je vis de mes films donc je ne peux pas me plaindre dans ce domaine quand on regarde les réalités de ce continent. Il y a des films qui restent dans le temps et qui ne sont pas du goût du grand public, il y en a d’autres qui dès leur sortie ont un succès fou mais pas dans le temps.

Aujourd’hui, les jeunes voient le cinéma (avec une idée) de misérabilisme, de mendiant qui doit quémander chaque fois des financements à l’Europe. Il faut que la nouvelle génération de cinéastes africains se dise qu’ils ne sont pas des maudits, que leur devoir c’est d’aider les peuples à avancer.

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Q: Faut-il des films engagés comme votre « Fin Yé », sur un massacre d’étudiants par l’armée malienne, pour aider les peuples à se prendre en main comme les citoyens des pays arabes le font actuellement?

R: Les cinéastes africains sont déjà au côté de leurs peuples donc ils sont engagés. Très peu vivent en exil, pourtant ils ne sont pas très applaudis chez eux.

Ce qui se passe en Afrique du Nord, le cinéma a déjà traité de cela. Un film comme « Fin Yé » sorti en 1982 a déjà traité de cela. Avant même le discours (du président français François Mitterrand à) La Baule (1990), ce film a préfiguré la démocratisation dans les années 1990 en Afrique. Mais on peut aussi le lier aujourd’hui aux soulèvements populaires en Afrique du Nord où le vent est en train de souffler les régimes autoritaires ou dynastiques en place.

Les combats des peuples sont ceux des cinéastes et ces révoltes en préfigurent d’autres dans d’autres contrées. Un scénario en appelle un autre, forcément. Vous ne croyez pas?

Propos recueillis par Romaric OLLO HIEN

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