Libye: Obama décide de sanctions, Kadhafi appelle ses partisans à prendre les armes

Le président américain Barack Obama a pris vendredi des sanctions contre le colonel Mouammar Kadhafi et ses proches alors que le leader libyen a appelé ses partisans à prendre les armes contre les manifestants dans un pays à feu et à sang où il y aurait déjà plusieurs milliers de victimes.

Libye: Obama décide de sanctions, Kadhafi appelle ses partisans à prendre les armes © AFP

Libye: Obama décide de sanctions, Kadhafi appelle ses partisans à prendre les armes © AFP

Publié le 26 février 2011 Lecture : 4 minutes.

Le président Obama a signé un décret présidentiel gelant les avoirs et bloquant les biens aux Etats-Unis du colonel Kadhafi et de ses quatre fils, a indiqué un communiqué de la Maison Blanche. .

« Le régime de Mouammar Kadhafi a bafoué les normes internationales et la morale élémentaire, il doit être tenu responsable », a déclaré le président Obama dans ce communiqué.

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« Ces sanctions visent en conséquence le régime Kadhafi, mais protègent les biens qui appartiennent au peuple libyen », a ajouté le président américain.

Le Conseil de Sécurité a terminé de son côté ses consultations vendredi soir et devait les reprendre samedi à 11H00 (16H00 GMT), a annoncé un responsable onusien.

Un projet de résolution circulant parmi les quinze pays du Conseil de sécurité et évoquait des sanctions telles qu’un embargo sur les armes, un sur les voyages du colonel Kadhafi et un gel de ses avoirs, selon des diplomates.

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit prendre des « mesures décisives » dans ce sens a estimé à la fin de la réunion le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.

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« La violence doit cesser (. . . ) Ceux qui versent avec brutalité le sang d’innocents doivent être punis », a-t-il dit. « Une perte de temps signifie une perte de vies humaines ».

Le projet de résolution du Conseil de sécurité rédigé par les Occidentaux avertit en outre Mouammar Kadhafi que les violences pourraient être considérées comme des crimes contre l’humanité, selon des diplomates.

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Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a réclamé dans une résolution la suspension de la Libye de ses rangs, ainsi qu’une enquête indépendante sur les violences.

L’Union européenne a décrété un embargo sur les armes, ainsi que des gels d’avoirs et des interdictions de visas à l’encontre de Mouammar Kadhafi et ses proches.

Alors que les violences secouaient tout le pays ainsi que Tripoli, le nombre de morts se compterait par milliers et non par centaines, a affirmé l’ambassadeur adjoint de la mission libyenne à l’ONU, Ibrahim Dabbashi, qui a fait défection. D’autres sources évoquent entre 300 et un millier de tués.

Critiqué à l’étranger, attaqué de toutes parts par une opposition armée qui contrôle désormais plusieurs villes, dont tout l’Est, M. Kadhafi a pris la parole pour la première fois en public depuis le début la révolte, devant une foule de plusieurs centaines de partisans dans le centre de Tripoli.

« Nous allons nous battre et nous les vaincrons », a-t-il lancé au 11e jour de l’insurrection partie de Benghazi, à 1. 000 km à l’est de Tripoli.

« S’il le faut, nous ouvrirons tous les dépôts d’armes pour armer tout le peuple », a-t-il menacé.

Le peuple libyen « aime Kadhafi », a-t-il affirmé, demandant à ses partisans de se préparer à « défendre la Libye ».

Ses partisans, qui agitaient le drapeau vert de la Libye, brandissaient des portraits à son effigie et scandaient « Dieu, Mouammar, Libye et c’est tout ».

Le pouvoir libyen semblait cependant de plus en plus isolé, après avoir été lâché par ses pairs arabes et plusieurs proches et diplomates, dont les ambassadeurs libyens à Paris, Lisbonne, Genève et à l’Unesco, ainsi que Kadhaf al-Dam, proche conseiller et cousin de M. Kadhafi. L’ambassadeur de Libye à l’ONU, Mohammed Shalgham, a également fait défection.

Sur le terrain, alors que la région orientale pétrolifère est aux mains de l’opposition armée qui met en place une nouvelle administration, à Tripoli, les forces pro-Kadhafi, déployées autour de mosquées pour empêcher les protestations, ont tiré sur des manifestants.

Dans l’est de la ville, au moins deux manifestants ont été tués par des pro-Kadhafi dans le quartier populaire de Fachloum, selon un témoin. Dans ce quartier, tout comme celui de Ben Achour, des témoins ont signalé des « tirs nourris sur tous ceux qui se trouvent dans la rue ».

« Les forces de l’ordre ont ouvert le feu sur des manifestants sans distinction. Il y a des morts dans les rues de Soug Al-Jomaa », a indiqué un autre habitant.

Des centaines d’autres personnes manifestaient contre le régime à Tajoura. Des tirs nourris ont également été entendus à Ghout Achaal, dans l’ouest de la ville.

La télévision libyenne, citant des sources médicales, a néanmoins démenti des morts à Tripoli.

En raison de l’insécurité et faute de pouvoir assurer la sécurité de leurs diplomates, les Etats-Unis ont suspendu le fonctionnement de leur ambassade. Face au chaos, les évacuations des différents ressortissants étrangers continuaient dans des conditions difficiles.

Dans l’Est, à Tobrouk, un millier de personnes brandissant des drapeaux de la monarchie du roi Idriss Senoussi, devenu symbole de l’insurrection, ont manifesté, aux cris de « Libye libre, Kadhafi dehors ».

Musratha, troisième ville du pays à 150 km à l’est de Tripoli, a été désertée par les loyalistes à M. Kadhafi, mais des combats ont eu lieu sur une base aérienne proche qui ont fait de nombreux morts, selon un habitant.

A 60 km à l’ouest de Tripoli, à Zawiyah, les combats entre pro et anti-régime ont fait « plus de 35 morts, peut-être même 50 », a affirmé à l’AFP le porte-parole de la Ligue libyenne des droits de l’Homme.

C’est aux habitants de cette ville que s’était adressé jeudi M. Kadhafi. Il avait accusé Al-Qaïda d’orchestrer l’insurrection en donnant selon lui des « pilules hallucinogènes » aux opposants.

L’un des fils du leader libyen, Seïf al-Islam, a affirmé que sa famille resterait coûte que coûte en Libye, et a prévenu que le régime ne permettrait pas à une « poignée de terroristes » de contrôler une partie du pays.

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