Ben Ali, longtemps tout puissant en Tunisie, désormais dans le coma

Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, tombé dans le coma à peine plus d’un mois après avoir fui la Tunisie pour l’Arabie Saoudite, a régné sans partage pendant 23 ans bâtissant son régime sur un équilibre entre poigne de fer et prospérité qui s’est finalement rompu.

Ben Ali, longtemps tout puissant en Tunisie, désormais dans le coma © AFP

Ben Ali, longtemps tout puissant en Tunisie, désormais dans le coma © AFP

Publié le 17 février 2011 Lecture : 3 minutes.

Selon un proche de sa famille joint par l’AFP, il a été victime d’un AVC (accident vasculaire cérébral) et se trouve dans le coma depuis deux jours dans un hôpital de Jeddah. Il avait fui son pays le 14 janvier face à une contestation populaire irrépressible.

Considéré à l’extérieur comme un rempart contre les islamistes en dépit de critiques -souvent timides- sur la lenteur de la démocratisation et les atteintes aux droits de l’Homme, l’incontournable président, 74 ans, avait été réélu pour un 5e mandat en octobre 2009 avec près de 90% des voix. Un scrutin qui avait « préoccupé » Washington.

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Le 7 novembre 1987, lorsqu’il dépose le père de l’indépendance Habib Bourguiba, malade et reclus dans son palais, tous les Tunisiens, y compris les islamistes, saluent une prise du pouvoir « sans violence ni effusion de sang », bien que décrite par certains comme un « coup d’Etat médical ».

Ses partisans saluent en ce militaire « le sauveur » d’un pays alors à la dérive et lui reconnaissent d’avoir jeté les bases d’une économie libérale et étouffé dans l’oeuf le parti islamiste Ennahda, accusé de complot armé.

Dès son arrivée au pouvoir, Ben Ali supprime la « présidence à vie » instituée par Bourguiba et limite d’abord à trois le nombre de mandats présidentiels.

A son actif, une politique sociale dite de « solidarité », avec un fonds spécial destiné aux plus pauvres, le développement d’un système de sécurité sociale et la poursuite des politiques favorables à l’émancipation des femmes et à l’éducation initiées par Bourguiba.

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Ces avancées, qui conquièrent une classe moyenne montante, s’accompagnent d’un durcissement face à toute opposition, émanant de la gauche ou des islamistes, avec des milliers d’arrestations dans les années 1990, et d’une mainmise sur la presse et les syndicats dénoncée par des adversaires pour la plupart en exil.

Issu d’une famille modeste né de la ville côtière de Hammam Sousse, Ben Ali est un militaire de carrière formé à l’Ecole inter-armes de Saint-Cyr en France et à l’Ecole supérieure de renseignement et de sécurité aux Etats-Unis.

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Devenu rapidement général, il est nommé patron de la sûreté nationale après des émeutes en 1984, puis ministre de l’Intérieur, poste qu’il cumule en mai 1987 avec celui de Premier ministre jusqu’à la destitution de Bourguiba.

Il introduit en 1994 le pluralisme à petite dose au Parlement et organise en 1999 la première présidentielle pluraliste de l’histoire de la Tunisie.

Revêtant parfois la « Jebba » traditionnelle, il encourage un islam modéré, protège le judaïsme et se dit attaché à la modernité.

Père de six enfants, dont trois d’un premier mariage, il apparaît souvent accompagné de son épouse Leila dont la présence dans la vie politique et sociale est de plus en plus remarquée, alors que sa belle famille est accusée de mainmise sur l’économie.

En 2002, il fait adopter par référendum une modification constitutionnelle lui permettant de se représenter.

Dénoncé comme « autoritaire » par les organisations de défense des droits de l’Homme, il fait mater par l’armée des émeutes sur fond de chômage et de népotisme, dans le sud-ouest frondeurs en juin 2008.

Pour ses alliés occidentaux, Ben Ali a incarné la stabilité dans un pays prisé par des millions de touristes européens et pour lequel l’ancienne puissance coloniale française reste un partenaire privilégié.

Il aura finalement chuté sur un nouveau mouvement de révolte d’abord sociale.

Face aux émeutes, Zine El Abidine Ben Ali, aura tenté la répression sanglante puis les promesses, d’abord économiques et enfin d’ouverture politique. En vain.

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