« Tout va bien, revenez ! », lance Tunis aux investisseurs français
« Tout va bien, revenez! »: la Tunisie déploie à grands renforts de communication une opération de reconquête des investisseurs français, inquiets des incertitudes politiques entourant l’après-Ben Ali, avec pour mot d’ordre rassurer.
Le credo est simple: « le miracle économique tunisien continue », répète Jean-François Limantour, président du Cercle Euro-méditerranéen des dirigeants Textile-habillement (Cedith).
Ce « miracle » tient à une main d’oeuvre bon marché, des coûts bas, une législation favorable et moins de lourdeurs administratives. Dans le textile, les coûts de façon en Tunisie sont par exemple deux à trois fois inférieurs à ce qu’ils sont en France, selon le Centre de promotion des exportations de Tunisie (Cepex).
« La Tunisie est un pays sur lequel vous pouvez toujours compter », affirme Samir Haouet, le directeur général du Centre technique du textile (Cettex), établissement public rattaché au ministère tunisien de l’industrie et de la technologie.
Début février, le message – rassurer et faire revenir les investisseurs – a été délivré à l’industrie du textile et de l’habillement, réunie dans une des salles de l’enceinte du Parc des Expositions à Villepinte en région parisienne.
Ce secteur représente 44% des emplois industriels avec 200. 000 salariés et près de 5% du PIB tunisien. Il procure au pays 20% de ses recettes en devises.
« La situation est sous contrôle », affirme Ali Nakaï, secrétaire général de la fédération nationale du textile-habillement (Fenatex). « Les programmes d’investissements étrangers seront exécutés conformément aux engagements pris », assure-t-il.
« Tout fonctionne: les douanes, les banques, les transports, les infrastructures portuaires et aéroportuaires, les salariés sont à leurs postes de travail, les ateliers marchent, les expéditions se font normalement », ajoute Abdellatif Hamam, patron du Cepex.
L’enjeu est colossal pour ce pays, où près de la moitié de la population vit des échanges extérieurs et où quasiment la moitié des 2. 000 entreprises du textile sont à capitaux étrangers ou mixtes.
Tunis veut à tout prix convaincre les investisseurs internationaux que la revalorisation des salaires et l’amélioration des conditions de travail au coeur de négociations avec les syndicats ne vont pas se traduire par une explosion des coûts et des charges.
« On ne va pas faire les choses de façon drastique », assure M. Hamam. L’augmentation des salaires devrait être de l’ordre de 3 à 4% par an, selon différentes sources. « C’est un rattrapage nécessaire mais nous avons encore beaucoup de marges par rapport à nos concurrents dans le Maghreb », défend mordicus M. Hamam.
Selon des chiffres du Cettex, le salaire horaire minimum était en juillet dernier de 2,01 euros en Turquie, de 0,94 au Maroc, 0,93 en Algérie, contre 0,75 euro en Tunisie.
Nombre de chefs d’entreprises locaux assurent aussi que les syndicats ne prendront pas le risque d’exiger des « choses irréalistes » car ils ont défendu leur outil de travail en protégeant eux-mêmes les sites de production pendant la Révolution.
N’empêche, « la réalité est que nous ignorons ce qui va se passer maintenant. Dans le doute, on préfère chercher d’autres sources d’approvisionnement », confie à l’AFP un gros donneur d’ordres français, ayant requis l’anonymat pour ne pas torpiller les efforts du pays.
Tunis devrait annoncer dans les prochains jours des « mesures d’accompagnement » pour les entreprises qui ont été saccagées.
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