Tunisie: des Tunisiennes défendent leur liberté et réclament l’égalité
Des centaines de femmes ont crié samedi à Tunis leur détermination à défendre l’émancipation acquise depuis plus d’un demi-siècle, à la veille du retour dimanche en Tunisie du chef en exil du mouvement islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi.
« C’est un mouvement historique! C’est aussi l’occasion d’exprimer le soulagement et la joie de fêter la fin de la dictature exercée par un régime mafieux, c’est la fin de la peur après tant d’années vécus sous la terreur! », s’est réjouie Leila, une journaliste.
A l’appel de l’Association tunisienne des femmes démocrates (Ftfd) et l’Association des femmes tunisiennes pour la recherche et le développement (Afturd), des centaines de femmes, universitaires, actrices, avocates et militantes de droits de l’Homme ont participé à cette « marche pour la citoyenneté et l’égalité » sur l’avenue Habib Bourguiba, théatre quotidien « happening démocratique » permanent.
« Nous sommes là pour affirmer les droits acquis de la femme et éviter tout retour en arrière, pour dire que nous sommes pas prêtes à négocier notre liberté avec les islamistes », a affirmé Amel Betaib, une avocate.
Dès 1956, le Code du statut personnel (CSP) institué par le président Habib Bourguiba, a accordé aux Tunisiennes une longueur d’avance sur de nombreux pays musulmans en matière d’émancipation abolissant la polygamie et la répudiation, une première dans le monde islamique.
« Nous voulons adresser un message important aux islamistes notamment ceux du mouvement Ennahdha (Renaissance): nous sommes pas prêtes à reculer ou à perdre nos acquis », a assuré Sabah Mahmoudi, une universitaire.
En exil à Londres, depuis le début des années 1990, Rached Ghannouchi, chef du mouvement islamique Ennahdha, interdit de toute activité durant le régime de l’ex-président déchu Zine El Abidine Ben Ali, est attendu dimanche en Tunisie. Il a refait surface durant la révolution tunisienne et se dit prêt à jouer un rôle dans la nouvelle Tunisie.
« Nous voulons une Tunisie de lumière », « Non à l’obscuranlisme, oui à la modernité », « Pour une république démocratique laïque », pouvait-on lire sur les banderoles portées par des jeunes femmes taquinées de temps à autre par des groupes d’adolescents venus spécialement pour assister à cette marche pour admirer quelques beautés.
« Nous ne craignons pas les islamistes parce que nous avons un potentiel extraordinaire dans notre pays qui a fait ses preuves en faisant tomber la dictature et on va pas sortir d’une dictature pour retomber dans une autre », a déclaré à l’AFP Sana Ben Achour, présidente de la Ftfd.
Dans la manifestation, certaines défendent tout de même les islamistes qui ont payé un prix très cher sous le régime Ben Ali au début des années 90. « Ce sont des citoyens tunisiens qui ont les mêmes droits que les autres et ne constituent en aucune façon une menace », dit ainsi Sihem Bensedrine, une militante des droits de l’Homme bête noire de l’ancien régime.
« Le problème c’est la police qui a construit ce régime, pour moi il y a aucun danger islamiste » ajoute-t-elle.
Présentes dans tous les secteurs d’activité, les tunisiennes représentent 26% de la population active, plus de 50% des étudiants, 29% des magistrats et 24% des diplomates. Le Parlement est le plus féminin de la région depuis un demi-siècle.
Sur fond de chômage, la présence des femmes au travail est souvent mise en accusation par des religieux fondamentalistes sur des chaînes satellitaires religieuses arabes.
« La révolution des jeunes doit instaurer la démocratie sans nous imposer leur religion et la charia », la loi islamique, lance une manifestante.
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