Tunisie : Trois ministres démissionnent, colère contre l’ancien régime

Trois ministres du gouvernement d’unité nationale tunisien ont démissionné mardi, au lendemain de sa formation, alors que des milliers de manifestants protestaient contre le maintien dans cette équipe de membres de l’ancien régime.

Tunisie : Trois ministres démissionnent, colère contre l’ancien régime © AFP

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Publié le 18 janvier 2011 Lecture : 3 minutes.

Dans le même temps, le mouvement islamiste Ennahda (renaissance), pourchassé par le régime du président Zine El Abidine Ben Ali, a annoncé son intention de demander sa légalisation et de participer aux élections législatives prévues avant la mi-juillet.

A Tunis, des manifestants ont été dispersés par la police dans le centre-ville quadrillé par les forces de l’ordre, et qui, dans la matinée, grouillait de passants et de voitures.

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Les trois ministres démissionnaires appartiennent à l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT).

« Nous nous retirons du gouvernement à l’appel de notre syndicat », a déclaré à l’AFP M. Houssine Dimassi, nommé lundi ministre de la Formation et de l’emploi.

Les deux autres ministres démissionnaires, selon M. Dimassi, sont Abdeljelil Bédoui (ministre auprès du Premier ministre) et Anouar Ben Gueddour (secrétaire d’Etat auprès du ministre du Transport et de l’équipement).

L’UGTT, puissante centrale syndicale, a joué un rôle crucial dans les manifestations qui ont provoqué la chute du président Ben Ali, qui a fui son pays le 14 janvier après 23 ans de pouvoir sans partage. Il a trouvé refuge en Arabie Saoudite.

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Les violences qui ont accompagné la « Révolution du jasmin » ont fait 78 tués et 94 blessés, selon les autorités. .

L’UGTT a annoncé également qu’elle ne reconnaîtrait pas le nouveau gouvernement du Premier ministre Mohammed Ghannouchi, dont une majorité de membres appartiennent au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) du président déchu Ben Ali.

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M. Ghannouchi a formé un gouvernement d’union nationale de 24 membres, avec trois figures de l’opposition légale mais également –outre le président du conseil– sept ministres de l’ancien régime.

Ces ministres ont conservé les portefeuilles clefs, comme l’Intérieur, la Défense, les Affaires étrangères et les Finances notamment.

Ce maintien de responsables ayant servi sous la présidence Ben Ali a alimenté la colère de milliers de Tunisiens qui ont défilé dans le centre de Tunis et dans d’autres régions, comme Sfax (centre-est), deuxième ville du pays.

Dans la capitale, la police a violemment dispersé un millier de manifestants, parmi lesquels des islamistes.

« RCD assassins », ont scandé les manifestants. « On peut vivre seulement avec du pain et de l’eau, mais pas avec le RCD », chantaient-ils.

La police a tiré des gaz lacrymogènes et fait usage de matraques pour disperser les protestataires, qui se sont par la suite regroupés pour de nouveau affronter les forces de l’ordre.

D’autres manifestations ont eu lieu à Sidi Bouzid (centre-ouest), Regueb, et Kasserine, trois bastions de la « Révolution du jasmin ».

Le Premier ministre Ghannouchi a tenté de justifier son choix mardi sur la radio française Europe 1, en assurant que les ministres maintenus dans le gouvernement ont « les mains propres » et « une grande compétence ».

A Paris, le parti Ennahda a annoncé qu’il allait participer aux élections législatives annoncées dans les six mois par le Premier ministre de transition. Par contre, la formation ne présentera pas de candidat à la présidentielle.

Ennahda, démantelé après les élections de 1991 où il avait obtenu 17% des voix, se présente comme un parti réformateur prônant un islam modéré et se dit proche de l’AKP turc, le parti islamo-conservateur au pouvoir à Ankara. Il a annoncé à Tunis qu’il demanderait sa légalisation.

« Il y a eu en Tunisie une révolution du peuple qui a revendiqué des droits sociaux et politiques. On ne veut pas avoir l’air de récupérer ce mouvement », a déclaré à l’AFP un de ses porte-parole à Paris, Houcine Jaziri.

Le parti a vocation à « participer aux législatives », a-t-il dit, mais « n’aura pas de candidat à la présidentielle ». « Rached Ghannouchi (le chef du parti en exil à Londres) ne sera pas candidat », a-t-il assuré.

Rached Ghannouchi, 69 ans, qui n’a aucun lien de parenté avec le Premier ministre Mohammed Gannouchi, a confié le 15 janvier à l’AFP qu’il préparait son retour en Tunisie et espérait qu’il aurait lieu « bientôt ».

Dans le même temps, Moncef Marzouki, opposant historique au régime de Ben Ali, est rentré de Paris en Tunisie. Président du parti le Congrès pour la République (CPR), il a annoncé qu’il serait candidat à la présidence.

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