RDC: au Katanga, faim et maladie pour les déplacés fuyant les maï-maï

Faim et maladie, c’est le quotidien éprouvant des déplacés du camp de Mwashi, dans le sud-est de la République démocratique du Congo, qui refusent de rentrer chez eux avant la neutralisation complète des maï-maï séparatistes Bakata Katanga.

RDC: au Katanga, faim et maladie pour les déplacés fuyant les maï-maï © AFP

RDC: au Katanga, faim et maladie pour les déplacés fuyant les maï-maï © AFP

Publié le 24 novembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Dans cette localité agricole à une trentaine de kilomètres au nord de Pweto, dans le centre-est de la province minière du Katanga, le camp, qui compte plus de 2. 500 déplacés, est presque désert le matin: beaucoup partent travailler dans les champs alentours pour gagner de quoi nourrir les leurs.

« C’est très difficile: quand on travaille dans les champs, on ne nous donne que deux ou trois tubercules de manioc. Ce n’est pas assez! », peste Marie-Louise Ngoy, maîtresse de l’école du camp. « Il faut nous aider, on souffre surtout de la faim, et pour avoir des habits, aussi. « 

la suite après cette publicité

Faute de financements, le Programme alimentaire mondial (PAM) ne fournit plus d’aide alimentaire au camp depuis plusieurs mois déjà.

En janvier 2013, des rebelles ont attaqué Kisabi et Kasama, deux localités des environs. « Les villages se sont vidés et les gens se sont dirigés vers Mwashi », raconte Jean-Pierre Ruti, un des responsables de l’ONG International Emergency and Development Aid (IEDA) à Pweto.

RDC: au Katanga, faim et maladie pour les déplacés fuyant les maï-maïLes rescapés précisent qu’ils ont fui les maï-maï Bakata Katanga, des miliciens qui demandent l’indépendance du Katanga tout en réclamant une meilleure répartition des richesses entre le nord déshérité de la province et le sud, poumon économique du pays avec ses grandes mines de cuivre.

Depuis 2012, ces rebelles sèment la désolation dans le « Triangle de la mort », vaste territoire dont Pweto est l’un des sommets et où, selon l’ONU, ils multiplient meurtres, viols, pillages et incendies d’habitations ou de villages entiers.

la suite après cette publicité

« Entre janvier et octobre, 75 villages – 4. 690 maisons – ont été incendiés dans le territoire de Pweto. (. . . ) Il y a un groupe qui ne fait que les vols et les extorsions, les autres ne font que les incendies », souligne M. Ruti.

– Paludisme, diarrhées, infections respiratoires –

la suite après cette publicité

Alors que les déplacés de Mwashi s’étaient abrités dans des huttes, le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) leur a apporté des bâches, qui protègent mieux les familles en cette abondante saison des pluies. Mais faute de moyens, tous les sites n’en ont pas reçu.

Le camp de Mwashi, bien entretenu, a ouvert en juin 2013. Son centre de santé, créé par une œuvre charitable adventiste, soigne gratuitement les patients. Il dispose d’une salle d’accouchement, d’une salle de consultation avec quelques lits, d’une pharmacie bien fournie et d’un petit laboratoire.

« Les maladies les plus fréquentes sont le paludisme, les diarrhées et les diarrhées sanglantes, les infections respiratoires aiguës », indique l’infirmier-chef du centre, Raymond Kasembe Kalungwe, qui reçoit chaque jour une trentaine de patients, surtout des enfants.

Dans une salle attendent une dizaine de femmes avec des enfants, dont plusieurs présentent des signes de malnutrition, comme un ventre anormalement gonflé. Certains pleurent au moment de la pesée ou de l’auscultation, d’autres tètent sagement leur mère avant leur tour.

Allongée sur un lit, une perfusion au bras droit, Mwewa Kakenshi, très affaiblie par le choléra, se repose sur un lit avec au sein son bébé d’un mois et demi. « Après avoir fui la guerre des maï-maï », elle est arrivée au camp en février 2013.

« Ils ont brûlé des maisons et pillé les biens des gens. Ils ont tué. J’ai perdu un proche », dit-elle dans un filet de voix. La vie au camp lui convient parce qu’il y a « assez de médicaments » mais, comme les autres, elle regrette qu’on ne leur donne plus à manger « depuis longtemps ».

Pour beaucoup, la paix est trop loin pour songer à rentrer. « Les militaires sont encore à Kasama, ce qui signifie que les maï-maï n’ont pas déposé les armes, que la sécurité n’est pas encore revenue », estime Henri Mukalay Bonka, président des déplacés.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires