La Chine et les Etats-Unis avancent leurs pions au Sud-Soudan

La Chine a le pétrole, les Etats-Unis ont l’influence politique: les deux superpuissances avancent chacune à leur manière leurs pions sur l’échiquier du Sud-Soudan, vaste région gorgée de ressources naturelles appelée à devenir un pays indépendant dès cette année.

La Chine et les Etats-Unis avancent leurs pions au Sud-Soudan © AFP

La Chine et les Etats-Unis avancent leurs pions au Sud-Soudan © AFP

Publié le 14 janvier 2011 Lecture : 2 minutes.

Les Etats-Unis, qui ont investi des millions en aide humanitaire pendant la guerre civile et accueilli des milliers de Sudistes, sont considérés comme un allié stratégique du Sud-Soudan, contrairement à la Chine, principal allié du pouvoir à Khartoum.

L’ex-président Jimmy Carter, le sénateur John Kerry, l’envoyé spécial Scott Gration: les Américains ont observé de près le déroulement du référendum d’autodétermination du Sud-Soudan, qui se termine samedi et devrait mener à l’indépendance de la région.

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Les Etats-Unis avaient joué un rôle majeur dans la signature de l’accord de paix ayant mis fin en 2005 à plus de deux décennies de guerre civile entre le Nord, arabo-musulman, et le Sud, afro-chrétien, et sont impliqués dans les négociations sur le futur des relations Nord-Sud.

Levée des sanctions économiques, retrait du Soudan de la liste des pays terroristes, efforts pour réduire la dette soudanaise: Washington a « des carottes » pour convaincre Khartoum de maintenir des relations Nord-Sud pacifiques en cas de sécession du Sud-Soudan.

La Chine, premier client du pétrole soudanais, vend ses armes à Khartoum, et lui sert parfois de paratonnerre au Conseil de sécurité de l’ONU.

Mais avec 80% des réserves pétrolières soudanaises, évaluées à plus de six milliards de barils, enfouies au Sud, Pékin a dû changer son image d’allié de Khartoum auprès des autorités sudistes.

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A Juba, capitale du Sud semi-autonome, la Chine a ouvert un consulat en 2008 et la société pétrolière CNPC a investi dans un centre informatique pour l’université locale. Les autorités sudistes ont reçu à l’automne une délégation du Parti communiste chinois.

« Les Chinois, appuyés par CNPC, ont monté une offensive de charme au Sud en amenant plusieurs dizaines de leaders sudistes en Chine », explique un diplomate occidental sous couvert d’anonymat.

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Ces efforts ont « eu un certain succès », ajoute ce responsable, précisant que la Chine n’est pas seulement intéressée par le pétrole sud-soudanais, mais aussi par le potentiel minier.

« Il y a de l’uranium, de la bauxite, des diamants, du cuivre, de l’or. Le Sud-Soudan est l’un des rares endroits dans le monde où il y a de grands dépôts de minéraux encore inexploités », dit-il.

Les autorités sudistes se sont engagées à honorer les accords pétroliers signés pendant la guerre par le gouvernement de Khartoum avec des société chinoises.

« Mais dans les contrats signés avec la Chine (. . . ) plusieurs choses ont été mises de côté, comme le respect des droits de l’Homme et de l’environnement », explique à l’AFP le ministre sud-soudanais du pétrole, Garang Diing, favorable à des mesures plus musclées afin de lutter contre la pollution présumée de nappes d’eau liée à l’industrie pétrolière chinoise au Sud.

En se rapprochant des Sudistes, la Chine pourrait aussi jouer un rôle clé pour la pacification des relations Nord-Sud, estiment des analystes.

La Chine « va tenter de maintenir de bonnes relations à la fois avec le Nord et le Sud, et va user de son influence en coulisse afin de favoriser des relations conviviales » entre les deux parties, estime Alex Vines, directeur de la section Afrique à l’institut britannique Chatham House.

« La dernière chose que souhaite la Chine est un nouveau conflit au Soudan », dit-il à l’AFP.

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