Soudan: les tribus rivales d’Abyei s’engagent à oeuvrer pour la paix
Les deux tribus rivales revendiquant la région disputée d’Abyei, à la frontière entre le nord et le sud du Soudan, se sont engagées jeudi à oeuvrer à la paix dans cette enclave, endeuillée par la mort d’au moins 37 personnes dans des combats cette semaine.
« C’est un pas en avant. Nous nous sommes mis d’accord pour travailler en faveur de la paix », a déclaré à l’AFP Kuol Deng Kuol, chef de la tribu Dinka Ngok, à l’issue de pourparlers de deux jours facilités par l’ONU à Kadugli, capitale de l’Etat nordiste du Kordofan-Sud.
« Cette rencontre a apaisé les tensions entre les Dinka et les Misseriya. Nous nous asseyons maintenant ensemble, mangeons ensemble et n’avons plus peur l’un de l’autre », a dit Hamid al-Ansari, un chef Misseriya.
Les sudistes Dinka Ngok et les nomades arabes nordistes Misseriya se sont affrontés à au moins trois reprises de vendredi à dimanche dans la partie nord d’Abyei. Les combats ont fait au moins 23 morts chez les Dinka et 14 chez les Misseriya, selon des responsables des deux camps.
L’accord de paix ayant mis fin en 2005 à plus de deux décennies de guerre civile entre le nord et le sud du Soudan prévoyait la tenue simultanée de deux référendums le 9 janvier, l’un sur l’indépendance du Sud-Soudan, le second sur le rattachement d’Abyei au Nord ou au Sud.
Mais ce scrutin a été renvoyé aux calendes grecques après un désaccord sur la participation des Misseriya. Ces nomades arabes, qui migrent chaque année vers Abyei en quête de pâturage et d’eau pour leur bétail, insistent pour participer au vote car ils craignent de perdre l’accès à cette région en cas de rattachement au Sud-Soudan.
« Le problème principal est que les Dinka Ngok refusent de laisser boire les vaches des Misseriya. C’est un problème. C’est notre vie. Sans (l’eau pour notre bétail), nous sommes morts », a résumé M. al-Ansari.
Les Dinka vont redonner l’accès à des points d’eau aux vaches des Misseriya, si ces derniers paient une « compensation » pour la mort de personnes et de vaches tuées par les nomades arabes l’année dernière, au cours de la saison de migration.
« Nous nous sommes mis d’accord pour leur donner l’accès à la rivière d’ici deux semaines s’ils payent la compensation », a précisé M. Kuol.
« Le point principal de cet accord concerne la liberté de mouvement, en particulier pour les personnes qui retournent à Abyei, la mobilité des marchandises, la liberté des éleveurs de bétail et la diminution de la circulation des armes », a expliqué à l’AFP Abdelaziz al-Hilu, vice-gouverneur de l’Etat du Kordofan-Sud.
Lundi soir, un convoi de Sud-Soudanais rentrant de Khartoum vers le Sud a été la cible dans le Kordofan-Sud, près d’Abyei, d’une attaque de Misseriya, qui a fait dix morts.
L’accord de principe entre les chefs Misseriya et Dinka Ngok ne résout toutefois pas l’épineuse question du statut d’Abyei, qui devra être réglée par le Parti du congrès national (NCP, nord) du président Omar el-Béchir et les ex-rebelles sudistes du SPLM.
Le NCP et le SPLM doivent se réunir dimanche à Kadugli pour améliorer la situation sécuritaire à Abyei.
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