Blocages de sites: internet au centre de la contestation en Tunisie

Les internautes jouent un rôle majeur dans le mouvement de protestation sociale qui se propage en Tunisie, à tel point que plusieurs sites officiels et du gouvernement tunisien ont été bloqués ces dernières heures ou ces derniers jours par des cyber-attaques.

Blocages de sites: internet au centre de la contestation en Tunisie © AFP

Blocages de sites: internet au centre de la contestation en Tunisie © AFP

Publié le 5 janvier 2011 Lecture : 2 minutes.

Les sites de l’agence tunisienne de l’internet, le site officiel du gouvernement tunisien ou celui de la banque Zitouna, étaient bloqués mercredi.

Ces attaques répondent à un mot d’ordre répandu sur internet par les « Anonymes » (Anonymous) qui se présentent comme un groupe d’internautes attachés à la liberté d’expression et reprochent aux grands médias internationaux de ne pas évoquer suffisamment la situation en Tunisie.

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Ces « Anonymes » avaient été associés à un élan de soutien au site WikiLeaks, en partie privé de financements après sa révélation de milliers de télégrammes diplomatiques secrets du département d’Etat américain.

Déclenchés le 17 décembre par le suicide d’un homme de 26 ans dans le centre de la Tunisie, de très graves troubles sociaux se sont étendus dans plusiuers régions du pays. Ils ont fait au total 4 morts, des blessés et des dizaines de personnes ont été arrêtées, selon des sources concordantes.

Mohamed Bouazizi, un vendeur ambulant qui s’était immolé par le feu à Sidi Bouzid (entre) parce que la police lui avait confisqué ses marchandises, est mort mardi soir dans un hôpital près de Tunis. Son cas est considéré comme symptomatique du malaise qui frappe les jeunes Tunisiens, en particulier les diplômés, condamnés pour beaucoup au chômage ou aux petits boulots.

Les « Anonymes » entendent dénoncer « le niveau scandaleux de censure » exercé par le régime du président tunisien Zine el Abidine Ben Ali.

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« Il est de la responsabilité de la presse libre et ouverte de relater ce que la presse soumise à la censure ne peut pas rapporter. Le peuple de Tunisie nous a demandé son aide et nous avons répondu en lançant une nouvelle opération, Opération Tunisie », annonce ainsi une lettre ouverte des « Anonymes » sur internet.

Plusieurs sites internet tunisiens non-officiels se faisaient l’écho mercredi de cette offensive, qui consiste à submerger de trafic les serveurs des sites visés.

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« Les attaques cybernétiques s’amplifient en ce début 2011 en Tunisie ! Cinq sites gouvernementaux tunisiens, un site informationnel officiel et le site d’une banque islamique ont été piratés par un groupe d’activistes plus ou moins organisés qui s’était déjà attaqué à Paypal et Mastercard », notait ainsi par exemple Tunisie Numérique, une association dont le but est de soutenir des projets sur internet.

Les organismes financiers Paypal et Mastercard avaient été attaqués par des internautes qui voulaient les punir d’avoir coupé les financements de WikiLeaks.

Mais à l’intérieur du pays, internet est devenu également un instrument d’une contestation qui paraît peu structurée et, pour l’instant, dépourvue de leadership.

Grâce à internet, « on découvre une société civile vivante, en marge des partis politiques », note Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), ONG basée à Paris.

« Internet a servi d’instrument de mobilisation de la société civile. C’est un moyen de communication qui a une vitesse qui dépasse celle des autorités », a ajouté Mme Belhassen, elle-même tunisienne, établissant un parallèle avec la Birmanie ou l’Iran après l’élection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad.

S’exprimant le 28 décembre sur ces événements, le président Ben Ali avait exprimé « inquiétude et préoccupation » et dénoncé une « instrumentalisation politique de certaines parties », notamment à l’étranger.

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