L’Erythrée accuse le HCR et des gouvernements étrangers d’inciter les jeunes à fuir
L’Erythrée, l’un des pays les plus fermés et répressifs au monde, a accusé vendredi certains « gouvernements » et « agences » notamment le Haut-Commissariat aux Réfugiés de l’ONU de provoquer, pour de « sombres objectifs politiques », la fuite de milliers de jeunes Erythréens vers l’étranger.
Chaque mois, des milliers de jeunes Erythréens fuient leur petit pays de la Corne de l’Afrique, peuplé d’environ six millions d’habitants, pour échapper à la poigne de fer du président Issaias Aferworki et à un dur service militaire obligatoire pour garçons et filles, d’une durée théorique de 18 mois mais en pratique prolongeable indéfiniment.
Le HCR a annoncé mi-novembre que 5. 000 Erythréens avaient franchi la frontière avec l’Ethiopie en octobre et 1. 200 la seule première semaine de novembre, contre 2. 000 en moyenne chaque mois depuis le début de l’année. En outre, 1. 000 Erythréens supplémentaires continuent de trouver refuge chaque mois au Soudan voisin depuis le début de l’année.
Une partie de ces réfugiés poursuit ensuite le voyage vers l’Europe et, selon le HCR, 22% des migrants arrivant par bateau en Italie sont Erythréens et les demandeurs d’asile érythréens en Europe sont les plus nombreux derrière les Syriens, avec 37. 000 personnes, soit trois fois plus qu’en 2013.
Dans un communiqué reçu vendredi, le ministère érythréen des Affaires étrangères a attribué ce phénomène aux « politiques délibérées de certains gouvernements et agences qui ont choisi d’encourager pour de sombres objectifs politiques la jeunesse à déserter le service militaire, à travers divers mesures incitatives ».
Le ministère a accusé l’agence onusienne d’être « un catalyseur involontaire » en renforçant « les facteurs incitatifs » à émigrer en « considérant invariablement les migrants érythréens comme des demandeurs d’asile ».
Asmara a dénoncé en outre dans ce texte les « larmes de crocodile » versées par l’agence onusienne sur le nombre croissant de demandeurs d’asile érythréens et a estimé « calomnieux » d’assimiler le Service national en Erythrée à « du travail forcé ou de l’esclavage » comme le font des ONG et l’ONU.
Les jeunes Erythréens fuient également un régime à poigne. L’opposition et la presse indépendante sont interdites et quiconque critique le président autoritaire Issaias, au pouvoir depuis que l’Erythrée a conquis de facto son indépendance en 1991 après 30 ans de guerilla contre l’Ethiopie, peut se retrouver emprisonné sans procès dans des conditions épouvantables.
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