Une visite du Soudanais Omar el-Béchir en Zambie défierait à nouveau la CPI

La Cour pénale internationale (CPI) s’attend cette semaine à une nouvelle épreuve de force avec le président soudanais Omar el-Béchir, objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pour crimes de guerre, qui a été invité en Zambie.

Une visite du Soudanais Omar el-Béchir en Zambie défierait à nouveau la CPI © AFP

Une visite du Soudanais Omar el-Béchir en Zambie défierait à nouveau la CPI © AFP

Publié le 14 décembre 2010 Lecture : 3 minutes.

Omar el-Béchir qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité pour sa responsabilité dans le conflit au Darfour, a été invité mercredi à un sommet en Zambie puis à la fin du mois à un festival au Sénégal.

Le procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo affirme que le président soudanais est cerné. Selon les statuts de la CPI, tout pays membre doit l’arrêter s’il pénètre sur son territoire.

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Toutefois, M. Béchir qui revendique le soutien de l’Union africaine (UA), s’est rendu cette année sans être inquiété au Kenya et au Tchad, deux pays membres de la CPI qui ont refusé de l’arrêter.

« Le président Béchir va continuer à voyager, personne ne sera en mesure de le limiter dans ses voyages », affirme l’ambassadeur du Soudan à l’ONU, Daffa-Alla Elhag Ali Osman.

Cependant, après des plaintes de la CPI et des pressions internationales, quelques portes diplomatiques se sont fermées.

L’Afrique du Sud et l’Ouganda ont prévenu qu’ils arrêteraient le président soudanais s’il venait chez eux.

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Un sommet sur l’Afrique de l’Est qui devait se tenir en octobre au Kenya, a été déplacé en Ethiopie, un pays non membre de la CPI, pour que M. Béchir puisse y assister.

Le Soudan a boycotté un sommet UA-UE (Union européenne) en novembre après des menaces européennes de ne pas s’y rendre si le président soudanais y participait tandis qu’une visite de M. Béchir en Centrafrique prévue en décembre n’a pas eu lieu.

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M. Ocampo, lors d’une réunion à New York des pays membres de la CPI, a résumé ainsi la situation: « Il n’est pas assigné à résidence, il est assigné à son pays ». « Lorsqu’il est à l’étranger, il vole avec la moitié de son armée de l’Air car il sait qu’il peut être arrêté », a-t-il ajouté.

« El-Béchir sera arrêté », a affirmé le procureur selon lequel le génocide au Darfour continue. Mais M. Ocampo quitte son poste en 2012 et sait qu’il n’est pas sûr de voir l’arrestation de Béchir avant la fin de son mandat.

Selon des diplomates, le magistrat a demandé à la CPI d’enquêter sur des informations faisant état de la présence mercredi prochain de M. Béchir à une réunion des dirigeants des pays des Grands Lacs à Lusaka, la capitale zambienne.

« La Zambie l’a invité mais n’a pas dit clairement ce qu’elle ferait s’il vient. Ce sera un test de la nouvelle posture contre Béchir », a indiqué un diplomate d’un pays membre du Conseil de sécurité.

Des mouvements de défense des droits de l’homme ont critiqué le gouvernement zambien pour cette invitation.

La Zambie est membre de la CPI, tout comme le Sénégal où des groupes de défense des droits de l’homme ont aussi exprimé leur opposition à une invitation du gouvernement à M. Béchir pour assister à un festival artistique.

M. Béchir « se retrouve prisonnier dans son palais » du fait des invitations annulées, souligne Richard Dicker, de l’association Human Rights Watch.

« Ce n’est pas demain la veille qu’il sera fait prisonnier par la CPI ni qu’il comparaîtra devant elle mais je ne pense pas que le président soudanais s’attendait à un tel isolement », dit-il.

« Il faut qu’il devienne encore plus un paria au sein de la communauté internationale et parmi les pays africains, de façon à ce que chacun reconnaisse le poids qu’il fait peser sur le peuple du Soudan », ajoute M. Dicker.

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