Soudan : un pouvoir civil sera formé le 18 août prochain
Après des mois de contestations et d’âpres négociations, les civils et les militaires se sont mis d’accord pour mettre en place une autorité civile qui sera chargée de piloter la transition politique au Soudan.
Signe des bouleversements politiques profonds à l’oeuvre, ce nouveau « Conseil souverain » où les civils auront la majorité, sera mis en place au lendemain du début du procès pour corruption du président Omar el-Béchir, destitué et arrêté par l’armée le 11 avril sous la pression de la rue.
Dimanche, les généraux au pouvoir depuis cette destitution et les chefs de la contestation ont paraphé à Khartoum une déclaration constitutionnelle qui avec une déclaration politique conclue et signée auparavant forment l’accord global sur un pouvoir civil, qui lui sera formellement signé le 17 août.
« Les membres du Conseil souverain seront désignés le 18 août, le Premier ministre le 20 août et les membres du gouvernement le 28 août », a déclaré un des meneurs de la contestation Monzer Abou al-Maali en marge de la cérémonie.
« Notre gouvernement est civil », « Révolution, révolution », ont chanté des dizaines de Soudanais rassemblés à l’extérieur du bâtiment où a eu lieu la cérémonie pour parapher cet accord accueilli aussi par un concert de klaxons.
A l’intérieur de la salle, les membres de l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, se sont embrassés en pleurant de joie.
Tourner la page
« Nous avons tourné une page de l’Histoire du Soudan en paraphant cet accord », a déclaré Mohammed Hamdan Daglo, le numéro deux du Conseil militaire au pouvoir, et chef des redoutés paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF).
Le Conseil souverain, obtenu de haute lutte, sera composé de cinq militaires et de six civils, et devra mener, avec un Parlement et un gouvernement, la transition pendant un peu plus de trois ans.
Le Premier ministre sera désigné par la contestation et confirmé par le Conseil souverain, selon Ibtissam al-Sanhouri, une des négociatrices dans l’équipe des protestataires. La contestation disposera de 201 sièges sur les 300 du Parlement.
L’objectif de la transition dans ce pays meurtri par de nombreux conflits et dont l’économie est exsangue est « de parvenir à une paix permanente et globale avec les groupes armés tout en mettant fin à la marginalisation » d’une partie de la population, a souligné le médiateur éthiopien Mahmoud Drir après la cérémonie de signature.
La déclaration constitutionnelle adoptée par les militaires et la contestation inclut les groupes rebelles, a rappelé un des négociateurs pour le mouvement de contestation, Satea al-Haj.
« Cet accord est une étape importante pour la réalisation de la paix et de la stabilité », a estimé l’Egypte en le saluant comme l’Arabie saoudite.
« Cette phase permettra au Soudan de sortir de la liste des sponsors du terrorisme », sur laquelle il a été placé par les Etats-Unis en 1993, a également espéré le médiateur éthiopien. Le pays y avait été placé pour avoir abrité un temps l’ex-leader du réseau jihadiste d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden.
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