Le lac Tchad menacé par la sécheresse, le changement climatique et l’homme
Sécheresse, changement climatique et utilisation de l’eau par l’homme font rétrécir le lac Tchad qui fait l’objet d’un forum international de vendredi à dimanche à N’Djamena rassemblant des dizaines de dirigeants, experts et spécialistes de l’environnement.
En 1960, la taille du lac était de 25. 000 km2, aujourd’hui, elle avoisinerait 8. 000 km2, voire 2. 500 km2, selon différentes estimations.
Vendredi doit s’ouvrir la session Afrique du 8e Forum mondial du développement durable, avec pour thème : « Sauver le lac Tchad ». Quelque 4. 000 personnes, dont des chefs d’Etat et de gouvernement et des représentations des milieux scientifique, économique et social, sont attendues pour « faire progresser les solutions » et « mobiliser la planète pour cette grande cause », selon les organisateurs.
Alors que le rétrécissement du lac Tchad donne lieu à un débat scientifique et des querelles d’experts, Michel Dimbele-Kombe, directeur de l’Observatoire du bassin du lac Tchad, organisme dépendant de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) créée par les six Etats proches du lac, estime que le rétrécissement « a deux principales causes », une « anthropique » et une « naturelle ».
La cause anthropique est « l’utilisation irrationnelle des eaux de surface », poursuit le directeur, à quoi s’ajoute la construction de « certains ouvrages » comme le « barrage sur la Komadougou (rivière se jetant dans le lac) au Nigeria qui réduit » le volume d’eau apporté.
Ensuite vient « la cause naturelle, (. . . ) la sécheresse, extrêmement prolongée qui s’associe au changement climatique. La pluviométrie n’a fait que baisser depuis 1973 ce qui a affecté le niveau du lac », relève l’expert.
Si la sécheresse a provoqué la baisse du niveau du lac, les vents saisonniers du Sahara apportent quant à eux de grandes quantités de sable qui sédimentent dans le lac alors que de nouvelles îles apparaissent, selon M. Dimbele-Kombe.
Conséquence, « de toutes les études réalisées sur le lac Tchad, aucune d’elles n’indique que des options claires et soutenues d’inversion de la tendance à l’assèchement de cet espace lacustre », rapporte un document de la CBLT.
Inévitablement, la disparition des eaux a des conséquences sur la biodiversité et se traduit par « la disparition des espèces halieutiques » selon M. Dimbele-Kombe alors que « la prolifération des herbes envahissantes grandes consommatrices de l’oxygène (entraîne) l’absence d’oxygène, donc disparition des poissons ».
En bout de chaîne, la « situation est catastrophique pour les 30 millions de populations riveraines qui vivent des ressources prélevées dans le lac », estime l’expert.
Dans le même document du CBLT, il est indiqué que les « études révèlent entre autres que les niveaux actuels du Lac Tchad et des ressources en eau qui l’alimentent ont presque atteint la limite du développement durable dans les plaines de ses principaux affluents ».
« Pour renverser la tendance, la seule alternative c’est le transfert des eaux de l’Oubangui-Chari vers le lac Tchad », estime M. Dimbele-Kombe. Cette rivière, qui est la principale source d’alimentation du lac, vient du bassin du bassin du Congo en Centrafrique, borde N’Djamena et se jette dans le lac. D’innombrables ponctions sur son parcours ont considérablement réduit son débit. « C’est le projet phare de forum », estime Dimbele-Kombe.
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