Algérie/ramadan: 3 ans de prison requis pour 2 chrétiens non jeûneurs

Le procureur du tribunal d’Aïn el Hammam, dans l’est de l’Algérie, a requis mardi trois ans de prison ferme contre deux chrétiens jugés pour non jeûne lors du ramadan, a constaté un journaliste de l’AFP.

Algérie/ramadan: 3 ans de prison requis pour 2 chrétiens non jeûneurs © AFP

Algérie/ramadan: 3 ans de prison requis pour 2 chrétiens non jeûneurs © AFP

Publié le 21 septembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Les avocats de la défense ont eu plaidé la relaxe, arguant de l’absence de loi spécifique pour interdire une telle pratique. Le jugement sera rendu le 5 octobre.

« Je suis optimiste » sur l’issue de cette affaire, a déclaré à l’AFP l’un des deux accusés, Hocine Hocini, à sa sortie du tribunal, ajoutant: « Je n’ai pas de regret, je suis chrétien et je l’assume ».

la suite après cette publicité

Agé de 44 ans et père d’une fillette d’un mois, ce journalier a été interpellé par la police le 13 août avec un collègue, Salem Fellak, 34 ans, alors qu’ils venaient de finir de manger dans un lieu discret sur un chantier, selon leur version.

Ils avaient été déférés immédiatement devant la justice de Aïn el Hammam. Inculpés d’atteinte à un précepte de l’islam, ils ont été laissés en liberté.

Des centaines de personnes s’étaient rassemblées devant devant le tribunal de la petite ville de montagne en Kabylie, l’ex-Michelet,créée par les Français en 1881 et rebaptisée après l’indépendance Aïn el Hammam, pour soutenir les accusés, a constaté le correspondant de l’AFP. Ils criaient des slogans hostiles à la justice.

« Je suis heureux que cette enquête ait occasionné ces déplacements et que tant d’avocats aient assumé notre défense », a déclaré l’ouvrier.

la suite après cette publicité

Une présence dont s’est également félicité le président de l’Eglise protestante d’Algérie, le pasteur Mustapha Krim, également venu soutenir les deux hommes contre des accusations selon lui « dérisoires ».

La défense, dont Me Mokrane Ait Larbi, a plaidé la relaxe, insistant sur le fait qu’aucune loi n’interdit aux citoyens de rompre le jeûne pendant le mois de ramadan.

la suite après cette publicité

« L’Algérie a ratifié des conventions internationales de liberté de culte. C’est une violation pure et simple de la Constitution », a-t-il soutenu.

« Je m’inquiète » pour les chrétiens d’Algérie, quasi-majoritairement protestants et dont la branche évangéliste est « la plus dynamique », a déclaré le pasteur Krim, selon lequel les conversions sont plus nombreuses depuis les années 90.

Il évalue les protestants à 30. 000, surtout en Kabylie, mais le ministère des Affaires religieuses estime à 11. 000 le total des chrétiens pour 35,6 millions d’Algériens.

Le christianisme s’est implanté au Maghreb vers le IIIe siècle et a été supplanté par l’islam au VIIe siècle et il a eu ses martyrs et penseurs célèbres, tel Saint Augustin, né à Thagaste-Souk-Ahras dans l’est en l?an 354 et mort en 430 à Hippone-Annaba (est) comme évêque de la toute naissante Eglise catholique.

Dimanche, le pasteur Krim avait dénoncé l’interdiction par les autorités de travaux d’extension d’un temple protestant à Tizi Ouzou, en Kabylie.

Ce lieu de culte n’est pas agréé par les autorités.

Selon le Collectif SOS Libertés (des intellectuels algériens qui se sont constitués en collectif en 2008), une dizaine de personnes d’Ighzer Amokrane (Wilaya de Béjaïa, à l’est d’Alger) répondront le 8 novembre devant le tribunal d’Akbou (petite Kabylie) de la même accusation d’avoir interrompu le jeûne musulman.

A Tébessa, également dans l’est, deux jeunes gens, arrêtés en « flagrant délit de consommation de denrées alimentaires », ont été placés sous mandat de dépôt, affirme encore ce groupe.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires