Afrique du Sud: la succession du président Zuma en filigrane d’une grand messe de l’ANC
Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir en Afrique du Sud, organise à partir de lundi une grand messe pour redéfinir sa stratégie politique, mais les débats risquent de tourner à une remise en cause du leadership du président Jacob Zuma.
Le Conseil général national de l’ANC se tient toute la semaine à Durban (sud-est) en présence de 3. 000 délégués. Officiellement, les débats porteront sur plusieurs projets polémiques: la création d’un tribunal des médias, la nationalisation des mines, le contrôle des changes.
Mais tous les esprits seront focalisés sur la conférence élective de 2012, au cours de laquelle l’ANC désignera son candidat à la présidence en vue des élections générales de 2014.
« Bien que la succession (de Zuma) ne soit pas à l’ordre du jour, c’est à Durban que la scène sera dressée pour ceux qui ont des ambitions pour 2012 », estime Susan Booysen, politologue à l’Université du Witwatersrand. « Les candidats vont faire campagne dans les coulisses. «
Or le chef de l’Etat, candidat naturel à un second mandat, arrive fragilisé par trois semaines de grève des fonctionnaires qui ont révélé son impopularité croissante auprès de ses anciens alliés.
Jacob Zuma, autodidacte de 68 ans issu d’un milieu pauvre, a accédé à la présidence en mai 2009 grâce au soutien indéfectible de la Ligue de la jeunesse de l’ANC, du puissant Congrès des syndicats sud-africains (Cosatu) et du Parti communiste (SAPC).
Ses alliés escomptaient un infléchissement à gauche du pays sous sa direction. Mais une fois élu, leur candidat a suivi la ligne de ses prédécesseurs notamment dans la sphère économique.
« L’ANC est un parti de gouvernement et ne peut pas se conduire comme un parti de résistance. Nous avons un pays à gérer et une économie à faire fonctionner », justifiait récemment Gwede Mantashe, le secrétaire général de l’ANC.
En août, pour éviter de creuser les déficits publics, le gouvernement a refusé les hausses de salaires réclamées par les fonctionnaires. Le Cosatu – qui a pourtant des ministres au gouvernement – a alors engagé le bras de fer et s’en est pris, pour la première fois, directement au chef de l’Etat.
L’Afrique du Sud sous Zuma est devenue « un état prédateur », a lancé le secrétaire général du Cosatu, Zwelinzima Vavi, en référence aux nombreux contrats publics accordés à des proches du président, dont son fils, et d’autres hauts responsables.
A une semaine de la rencontre de Durban, le Cosatu et l’ANC se sont rabibochés, du moins en apparence. Les deux organisations se sont engagées dans un communiqué commun « à faire en sorte que le Conseil national reste un forum de discussions politiques (. . . ) et ne soit pas détourné par des questions conflictuelles, comme les candidatures de 2012. «
Mais dès le lendemain, le Cosatu présentait ses propositions économiques, mettant la pression pour un virage à gauche.
« Le Cosatu envoie un avertissement à Zuma pour lui rappeler, qu’à moins de changements importants, il n’aura pas son soutien à la conférence élective » de 2012, décrypte Eusebius McKaiser, un analyste politique indépendant.
De son côté, la Ligue de la Jeunesse s’est également éloignée de Zuma. Cette semaine, son turbulent leader Julius Malema a critiqué les maris polygames, sans toutefois citer le chef de l’Etat qui a . . . trois femmes et 21 enfants.
La Ligue devrait profiter de la réunion de Durban pour manifester son soutien à Fikile Mbalula, son ancien président actuellement ministre adjoint de la Police qu’elle aimerait voir jouer les premiers rôles.
« Mais tout ça restera des combats feutrés, estime Eusebius McKaiser. Jusqu’à la conférence élective. «
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