Afrique du Sud: le président Zuma en visite dans l’enclave blanche d’Orania
Le président sud-africain Jacob Zuma a marché mardi sur les pas de son illustre prédécesseur Nelson Mandela en se rendant dans l’enclave d’Orania, où des Blancs réactionnaires vivent en autarcie depuis la chute de l’apartheid.
Le chef de l’Etat a passé la matinée dans cette petite communauté de 820 Afrikaners – les descendants des premiers colons européens au pouvoir sous le régime ségrégationniste – qui refusent de se fondre dans la nouvelle Afrique du Sud multiraciale.
Il s’est rendu en hélicoptère dans la petite ville, située dans une région désertique en plein coeur du pays, où il a été accueilli par des écoliers vêtus de couleur orange, celle de leurs ancêtres hollandais et de l’ancien drapeau d’apartheid.
Jacob Zuma s’est ensuite entretenu avec Carel Boshoff, le fondateur de cette communauté, et avec d’autres responsables d’Orania, louant leurs « idées intéressantes ».
Il s’agit de la première visite à ce niveau depuis 1995 quand Nelson Mandela, tout juste élu premier président noir du pays, était venu prendre le thé avec Betsie Verwoerd, la veuve de Hendrik Verwoerd, l’architecte du régime ségrégationniste.
Ce geste est resté comme l’un des moments forts de sa politique de réconciliation envers ses anciens oppresseurs, qui l’ont maintenu en prison pendant 27 ans.
Quinze ans plus tard, le président Zuma, qui revendique sa culture zouloue tout en restant à l’écoute des minorités blanches, a respecté une promesse de campagne, a expliqué son cabinet.
« Le président avait indiqué avant l’élection de l’an dernier qu’il voulait se rendre à Orania pour voir comment cette communauté gère son développement de manière indépendante », selon un communiqué.
Les responsables d’Orania « lui ont fait faire le tour de la ville en s’arrêtant sur le site de différents projets dans le domaine du logement, de l’agriculture ou de la formation », a précisé à l’AFP Jaco Kleynhans, porte-parole de la communauté.
« Nous aimerions voir ce qui marche à Orania appliquer dans d’autres communautés », a-t-il ajouté, en assurant que tous les leaders de l’enclave étaient ravis de la visite présidentielle.
Orania dispose d’une banque communautaire, frappe sa propre monnaie, le « ora », et diffuse cinq heures de programme radio chaque jour. Ses habitants tentent d’être complètement autonomes et refusent de faire appel à la main d’oeuvre noire des alentours.
La petite ville avait été achetée par une société privée en décembre 1990, quelques mois après la suppression des lois racistes de l’apartheid et la remise en liberté de Nelson Mandela.
Ses fondateurs souhaitent atteindre l’autosuffisance dans l’espoir que la ville devienne un jour un « Volkstaat » (Etat du peuple) indépendant.
Leurs idées ne rencontrent quasiment pas d’écho en Afrique du Sud, où ils sont considérés comme des farfelus racistes par la majorité de la population, Noirs et Blancs confondus.
« La visite de Zuma risque d’être accueillie avec scepticisme dans le pays, les gens vont se poser des questions sur ses motivations », a commenté à l’AFP Ivor Jenkins, directeur de l’Institut pour la démocratie en Afrique (Idasa).
Mais, pour lui, le président a envoyé « un message positif en soulignant que quelles que soient ses opinions, ses idées ou sa religion, chaque citoyen d’Afrique du Sud fait partie de la Nation. «
« A l’époque de Mandela, il s’agissait d’un geste symbolique de réconciliation extrêmement important. Aujourd’hui, le message est différent, poursuit l’analyste. Zuma a rappelé que chaque parcelle de territoire appartient à notre pays et que personne n’est exclu de l’aide du gouvernement. «
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