Afrique du Sud : le leader du principal parti d’opposition démissionne

Mmusi Maimane, le leader de l’Alliance démocratique (DA), à sa tête depuis 2015, a annoncé sa démission mercredi. Après un cuisant échec aux élections générales de mai, il dénonce une « campagne de dénigrement » menée au sein de son propre parti, contre ses réformes en faveur de l’égalité raciale.

Le leader de DA, Mmusi Maimane. © Michael Sheehan/AP/SIPA

Le leader de DA, Mmusi Maimane. © Michael Sheehan/AP/SIPA

Publié le 23 octobre 2019 Lecture : 2 minutes.

Depuis des semaines, Mmusi Maimane, 39 ans, faisait l’objet de vives critiques au sein de l’Alliance démocratique (DA), un mouvement largement considéré comme un parti de Blancs, dont il a été le premier Noir à prendre la tête en 2015.

« C’est avec tristesse mais pour continuer mon combat pour la politique à laquelle je crois et pour le pays que j’aime que je quitte aujourd’hui mes fonctions », a-t-il déclaré.

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Dans une longue déclaration, le député a justifié sa décision par les « attaques coordonnées » d’une frange du parti opposée à sa politique en faveur de la majorité noire du pays.

« J’ai pris des mesures pour favoriser une plus grande diversité (…) notamment en faveur des jeunes candidats noirs », a lancé Mmusi Maimane, rappelant qu’à ses yeux, « l’émancipation des Noirs ne signifie pas l’asservissement des Blancs ».

« Ces derniers mois, il est devenu évident qu’il existait au sein de la DA un groupe qui n’était pas d’accord avec moi », a-t-il déploré, pointant du doigt une « campagne de dénigrement », de « diffamation » et des « comportements de lâches ».

Succès historique de 2016

La presse a récemment mis en cause les conditions d’achat du domicile de chef de la DA, soupçonné de corruption.

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Né dans le township de Soweto, dans la banlieue de Johannesburg, Mmusi Maimane a été propulsé à la tête de la DA en 2015, un an après son élection au parlement.

Cette promotion express a aussitôt nourri les soupçons de ses adversaires et des observateurs, qui l’ont décrit en homme de paille noir d’un « parti de Blancs ».

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La DA a été fondée en 2000 par la réunion de trois partis issus de la minorité blanche du pays.

Éloquent, à l’aise devant les médias, ce consultant de formation, diplômé en psychologie, les a démenti en parvenant à préserver l’unité de la DA.

En 2016, son parti a remporté un succès historique aux élections locales en ravissant au Congrès national africain (ANC, au pouvoir) le contrôle de municipalités emblématiques, dont Johannesburg et la capitale politique du pays, Pretoria.

Parti divisé

Mais la DA a subi un échec en mai lors des élections générales en ne recueillant que 20,6% des voix, en nette baisse.

Son ancienne cheffe, Helen Zille, avait suscité la polémique en saluant les aspects « positifs » du colonialisme, mène depuis des mois la fronde contre Mmusi Maimane.

Patronne de la DA de 2007 à 2015, Helen Zille s’en était éloignée quelques années. Elle vient de faire son retour au sein de sa direction.

Mmusi Maimane l’a mise publiquement en cause mercredi. Ses commentaires sur le colonialisme « ‘n’ont pas favorisé la confiance entre Sud-Africains noirs et blancs et miné le projet du parti », a-t-il regretté.

Mme Zille, qui s’est exprimée après lui, n’a pas répondu à sa remarque, se contentant de « prendre acte » de sa démission.

Deux jours avant Mmusi Maimane, le maire de Johannesburg, Herman Mashaba, avait annoncé sa démission et dit qu’il claquait lui aussi a porte de la DA, pour les mêmes raisons.

« Je ne peux plus m’accommoder d’un groupe de gens qui pensent que la race n’est pas un critère pertinent dans le débat sur les inégalités et la pauvreté en Afrique du Sud« , avait justifié cet hommes d’affaires de 60 ans.

Au pouvoir depuis l’avènement de la démocratie en 1994, l’ANC a remporté en mai les élections législatives mais avec le plus mauvais score national de son histoire à 57,8% des voix.

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