Cinquante ans d’indépendance du Congo: la pauvreté toujours là malgré la paix

Les cinquante années d’indépendance du Congo, célébrées dimanche, ont été marquées par une longue période de guerre civile dans un pays où 70% des 3,6 millions d’habitants vit encore sous le seuil de pauvreté, même si la paix et la croissance semblent retrouvées.

Cinquante ans d’indépendance du Congo: la pauvreté toujours là malgré la paix © AFP

Cinquante ans d’indépendance du Congo: la pauvreté toujours là malgré la paix © AFP

Publié le 14 août 2010 Lecture : 2 minutes.

« Les cinquante ans d’indépendance sont marqués du sceau de l’échec. Ils sont maculés de sang. Le bilan des 50 ans de l’indépendance est très largement négatif », estime le président de l?Alliance pour la république et la démocratie (ARD, plate-forme de l?opposition), Mathias Dzon.

Le Congo qui a connu le régime du parti unique jusqu?en 1992 a connu une histoire très troublée. L?ouverture du pays au multipartisme a coïncidé avec l’apparition de milices armées qui ont précipité le pays dans une spirale de guerres civiles dont le pays porte encore les stigmates. Le premier conflit interne a eu lieu en 1993-1994 suivi par un autre en 1997 et enfin de 1998 à 2003 dans le pool (sud), provoquant des violences qui ont fait des milliers de victimes.

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Les sanguinaires ninjas, cobras, cocoyes et zulus, qui semaient la terreur ont aujourd’hui disparu. Depuis 2003, l’ensemble du pays est pacifié.

Le président Denis Sassou Nguesso met l’accent sur la paix retrouvée pour lutter contre la pauvreté: « Sur cet itinéraire de cinquante ans, le maillon le plus faible de notre action collective est de n?avoir pas pu, au plan économique et social, réaliser l?équivalent du peu que nous avons réussi au plan politique ».

« Chacun de nous en convient, il n?y a pas de véritable indépendance sans émancipation, sans liberté économique et sociale. Il n?y aura pas d?indépendance totale pour notre pays tant que nous n?aurons pas libéré notre peuple du joug de la pauvreté », reconnaît M. Sassou Nguesso, qui cumule 26 ans au pouvoir (1979-1992, 1997-jusqu’à aujourd’hui).

« Nous n?avons pas encore pu réaliser le développement économique malgré la générosité de nos efforts et de notre volonté », précise-t-il.

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Le cinquantenaire coïncide avec l?accès du pays au point d?achèvement de l?initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Jusqu?à récemment, le Congo était considéré comme un des pays les plus endettés au monde par tête d?habitant par les institutions financières internationales.

Devenu le 4e ou 5e producteur du pétrole en Afrique noire, le Congo a connu en 2010 le taux de croissance (12%) le plus important de la zone Cemac (Communauté économique des Etats de l?Afrique centrale).

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« En dépit des potentialités économiques importantes du pays, on note que les Congolais n?ont toujours pas accès à des soins de santé de qualité », dénonce Christian Mounzéo, de la Rencontre pour la paix et les droits de l?homme (RPDH).

« Le pays est incapable à ce jour de mettre à la disposition de sa population des services de santé couvrant les besoins sanitaires: le taux de couverture en eau potable ne dépasse 40% sur toute l?étendue du territoire national, malgré le potentiel hydraulique du pays. 41% de la population demeure sous alimentée en 2010 », décrit la Commission justice et paix (CJP).

« Ces vingt dernières années, le Congo a connu un boom pétrolier qui a permis à l’Etat d’engranger suffisamment de ressources. Paradoxalement, il se trouve que ces années sont plutôt marquées par l’expansion de la pauvreté. En réalité, au cours des cinquante ans d’indépendance, toutes les politiques élaborées ou initiées dans le souci d’éradiquer la pauvreté ont échoué, estime Roger Bouka Owoko, de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme. « Cette pauvreté continue de dicter sa loi ».

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