Kenya: le camp du « oui » au référendum constitutionnel proclame sa victoire
Le camp du « oui » au référendum sur une nouvelle Constitution censée rendre les institutions du Kenya plus démocratiques a proclamé sa victoire jeudi après le dépouillement de plus de deux tiers des bulletins de vote.
« Notre victoire, qui sera bientôt confirmée par la commission électorale indépendante intérimaire, est la victoire de tous les Kényans et assurément des Kényans de tous horizons », a déclaré à la presse Kiraitu Murungi, ministre de l’Energie et l’un des principaux dirigeants du camp du « oui ».
Selon les derniers résultats provisoires diffusés par la commission électorale, portant sur 7,4 millions de bulletins dépouillés (sur 12,4 millions d’électeurs inscrits), le « oui » obtient un peu plus de 5 millions des voix contre 2,23 millions pour le « non ».
Le nouveau texte fondamental vise à rendre les institutions du pays plus démocratiques, crée une chambre haute du Parlement (Sénat) et renforce les attributions de l’Assemblée nationale pour contrebalancer le pouvoir du président, qui peut faire l’objet d’une procédure de destitution. Il prévoit également une réforme foncière cruciale.
Le texte, qui supprime le poste éphémère de Premier ministre, devrait entrer pleinement en vigueur à compter des élections générales fin 2012.
La presse kényane n’avait pas attendu la proclamation des résultats officiels pour saluer l’avènement d’une ère nouvelle.
« Le chaos qui a précédé et accompagné les élections générales successives a été relégué au rang des lointains souvenirs par les files d’attentes ordonnées d’hier », se félicitait le quotidien privé le Standard.
Les violences qui avaient accompagné la réélection contestée du président Kibaki le 27 décembre 2007 avaient fait 1. 500 morts, alimenté les ressentiments ethniques, sapé la confiance des électeurs dans leurs institutions et mis à mal l’image de stabilité du pays.
Le scrutin de mercredi s’est déroulé dans le calme et a globalement été bien organisé par la nouvelle commission électorale, totalement renouvelée et qui a notamment modernisé les modes de transmission des résultats dans ce pays un peu plus grand que la France.
« Le référendum s’est déroulé de manière pacifique. Il n’y a eu aucun incident », a déclaré à l’AFP le chef de la police nationale Mathew Iteere. Quelque 70. 000 membres des forces de sécurité avaient été déployés dans le pays, pour prévenir toute violence au terme d’une campagne électorale tendue.
Une attaque à la grenade avait fait six morts à Nairobi le 13 juin au cours d’un rassemblement du « non » tandis que des habitants installés dans la très sensible Vallée du Rift (ouest) s’étaient mis à l’abri dans leur région d’origine, de peur de nouvelles violences.
Le camp du non, emmené par les Eglises et les leaders de la communauté kalenjin — l’ancien président Daniel arap Moï (1978-2002) et le ministre de l’Enseignement supérieur William Ruto — a dénoncé l’introduction dans le nouveau texte de l’avortement thérapeutique, le maintien de tribunaux islamiques chargés des questions familiales, et agité le spectre de la confiscation de terres par l’Etat.
Un argument battu en brèche par les défenseurs du projet, y voyant un contre-feu de « l’élite kalenjin » à la tête « de grandes fermes dont le mode d’acquisition demeure sujet à caution ».
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...