Egypte: deux policiers jugés pour des brutalités après la mort d’un jeune homme
Le procès de deux policiers mis en cause dans la mort d’un jeune homme au cours d’une arrestation, une affaire qui a provoqué une forte émotion en Egypte, a débuté mardi à Alexandrie (nord de l’Egypte).
Les deux policiers, Mahmoud Salah Amine et Awad Ismaïl Souleimane, étaient présents dans le box des accusés du tribunal pour les affaires criminelles, plein à craquer, pour écouter le juge Moussa al-Nahrawi énoncer les accusations « d’arrestation illégale » et « d’usage excessif de la force » contre la victime, Khaled Saïd, 28 ans.
Les avocats de la famille en revanche ont plaidé pour que les faits soient requalifiés en « meurtre », et ajouté qu’une requête formelle en ce sens allait être présentée à une date ultérieure.
Les deux policiers doivent rester en détention en attendant la reprise des audiences, le 25 septembre.
Selon des témoins, Khaled Saïd a été traîné, le 6 juin, par les policiers en civil à l’extérieur d’un café internet d’Alexandrie après avoir refusé de se laisser fouiller, puis a été battu à mort en pleine rue.
Deux autopsies demandées par le procureur général ont pour leur part conclu à une mort due à une asphyxie consécutive à l’absorption d’un sachet de marijuana, que le jeune homme aurait avalé en voyant les policiers approcher.
Plusieurs associations pour la défense des droits de l’Homme ont rejeté les résultats des autopsies, et fait de Saïd un symbole de la lutte contre les violences policières en Egypte. Des photos ont également circulé sur internet, montrant le visage contusionné de Khaled Saïd.
Cette affaire a provoqué une série de manifestations contre les brutalités policières en Egypte. Les Etats-Unis et l’Union européenne ont demandé aux autorités égyptiennes de mener une enquête impartiale sur ce dossier.
Une trentaine de personnes étaient présentes mardi aux portes du tribunal, pour protester contre la violence fréquemment dénoncée chez la police égyptienne. Des affrontements mineurs ont éclaté entre les manifestants et la police qui essayait de les disperser, a constaté l’AFP.
La soeur de la victime, Zahra, habillée de noir, a déclaré aux journalistes que « Khaled obtiendra justice ». Des membres de la famille des deux policiers ont quant à eux souligné que les inculpés avaient une bonne réputation et qu’ils ne faisaient que suivre les ordres lors de cette arrestation.
A la veille du procès, l’association de défense des droits de l’Homme Amnesty International a demandé aux autorités d’assurer la protection des témoins de l’affaire et de la famille de la victime.
Selon Amnesty, qui cite des avocats de la défense, de nombreux témoins craignent de se présenter au tribunal, après qu’un des amis de la victime, Tamer Al-Sayyed Abdelmoneim, a été attaqué le 20 juin par un groupe de neuf personnes armées de couteaux qui lui ont ordonné de ne plus se mêler de l’affaire.
« Cela fait bien trop longtemps que certains officiers de police agissent comme s’ils étaient au-dessus de la loi, et ce en toute impunité. Il est grand temps que cela cesse, une fois pour toutes », a affirmé dans un communiqué un responsable d’Amnesty, Malcom Smart.
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