Rwanda: le bannissement des sacs en plastique, début d’une longue lutte
Le Rwanda peut légitimement se vanter d?avoir banni avec succès l?usage des sacs en plastique, mais reste confronté à des défis environnementaux majeurs liés surtout à l’exiguïté de son territoire, à son relief et à sa démographie galopante.
Rwanda: le bannissement des sacs en plastique, début d’une longue lutte © AFP
Publié le 5 juin 2010 Lecture : 2 minutes.
Ce petit pays d’Afrique centrale a accueilli samedi les cérémonies de la Journée mondiale de l’environnement.
Le succès de la campagne contre les sacs en plastique est l’une des raisons qui ont présidé au choix du « pays des mille collines ».
« De nombreux pays de la région ont beaucoup à apprendre du Rwanda en matière de protection de l?environnement. A Kigali, en chaque recoin de la ville, le fait qu?il n?y a plus du tout de sac en plastique m?a surpris », déclarait vendredi, sur les ondes de Radio Rwanda, Ahmed Djoghlaf, secrétaire exécutif de la Convention sur la diversité biologique (CDB).
Il y a moins de cinq ans, chaque ménage rwandais tenait à avoir toujours à sa disposition ses sacs en plastique, surtout de couleur noire, utilisés pour toutes sortes de courses. Les moins nantis s?en servaient même comme sac de voyage, quand leurs enfants ne les utilisaient pas comme cartable d?écolier.
Ils jonchaient alors les rues, envahissaient égouts, jardins et cours d?eau, et, parfois, voltigeaient dans le ciel des villes, au gré du vent.
« Une véritable calamité pour l?environnement », selon le ministre rwandais des Ressources naturelles et de l’environnement Stanislas Kamanzi, soulignant « leur impact très négatif sur la gestion des sols, de l?environnement en général, surtout dans les zones urbaines où ils entraînent de graves problèmes d?infiltration des eaux ».
Face à cette situation, il fallait « des solutions audacieuses bousculant de très vieilles habitudes », selon le ministre.
De fil en aiguille, une « loi interdisant la fabrication, l?usage, l?importation et la vente » de sacs en plastique a été promulguée en septembre 2008.
« Nous avons d?abord traîné les pieds », se souvient, Blandina, ménagère vivant dans une banlieue de Kigali. « Mais lorsque nous avons constaté que le gouvernement n?allait pas reculer, nous avons commencé à mettre en application cette loi. Aujourd?hui, les dividendes sont là: je peux facilement canaliser les eaux de pluie, et faire pousser des légumes dans ma petite parcelle urbaine », ajoute-t-elle.
Pour « désinfecter le pays » de sacs en plastique, les autorités ont mis à contribution les travaux communautaires mensuels (umuganda) obligatoires. D?importants stocks ont été ainsi constitués. « Reste maintenant à trouver les voies et moyens de recycler ces stocks », indique M. Kamanzi.
Mais d’autres défis énormes en matière de protection de l’environnement restent encore à relever.
Une démographie galopante sur un territoire exigu (taux d’accroissement naturel de 2,56 % en 2009, densité de peuplement: 397h/km2), le relief du Rwanda – un pays de montagnes -, les méthodes agricoles traditionnelles, en sont les principales causes.
« Il y a des politiques multisectorielles bien étudiées. Elles nous permettront d?y faire face efficacement », espère le ministre Kamanzi. « Nous sommes engagés irréversiblement sur la voie de la modernisation de l?agriculture et nous sommes très avancés dans la mise en place de dispositifs anti-érosion partout où cela est nécessaire », assure-t-il.
« Tout cela ne sera qu’une goutte dans l’océan, si les Rwandais n’arrivent pas à contrôler les naissances », estime, pour sa part, Claude Rwasibo, jeune universitaire.
