Mondial: l’Afrique du Sud ne veut plus d’un hymne national amputé

En Afrique du Sud comme ailleurs, les sportifs adoptent avant chaque compétition une pose solennelle pour entonner l’hymne national. Sauf qu’au pays des onze langues officielles, peu sont capables d’aller jusqu’au bout.

Mondial: l’Afrique du Sud ne veut plus d’un hymne national amputé © AFP

Mondial: l’Afrique du Sud ne veut plus d’un hymne national amputé © AFP

Publié le 1 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

A l’approche de la Coupe du monde de football 2010, de nombreuses initiatives encouragent les Sud-Africains à apprendre l’intégralité du Nkosi Sikelel’iAfrica (Dieu bénisse l’Afrique), qui alterne les couplets en anglais, afrikaans, xhosa, sotho et zoulou.

« Certaines personnes ne chantent pas l’hymne national parce qu’elles ne comprennent pas les paroles. Nous avons donc créé des brochures qui expliquent leur sens dans toutes les langues », indique Themba Mabaso, du ministère de la Culture.

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Le gouvernement a également ouvert, en partenariat avec des associations locales, des séances d’entraînement dans tout le pays et encourage les Sud-Africains à répéter chez eux à l’aide de CDs, de fichiers MP3 et même de sonneries de téléphone portable.

Lerato Matshikiza, qui chante dans une chorale d’église, avait l’habitude de marmonner les passages en afrikaans et sotho jusqu’en décembre 2009, quand il a fallu qu’elle interprète l’hymne devant des prêtres étrangers.

« C’était embarrassant. Au début, tout le monde chantait fort mais le ton descendait pour les couplets en afrikaans et nous reprenions de plus belle avec la partie en anglais », raconte la jeune femme de 25 ans, qui s’est lancée depuis dans l’apprentissage de ce symbole d’unité nationale.

L’hymne de l’Afrique du Sud démocratique est né de la fusion en 1997 de « Die Stem » (la Voix), en vigueur sous la domination blanche, et de « Nkosi Sikelel’iAfrica » un chant religieux devenu cri de défiance sous l’apartheid.

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Ce choix politique, mené dans un esprit de réconciliation, ne fait pas que des adeptes. La chanteuse afro-pop Thandiswa Mazawi a ainsi refusé de chanter la partie en afrikaans lors d’une cérémonie officielle en 2009.

« Comment a-t-on pu mélanger cette prière pour l’Afrique avec un hymne national qui a servi à violer ce pays et son peuple de manière systématique? », avait-elle expliqué.

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Pour beaucoup de Sud-Africains toutefois, l’affaire est plus prosaïque: ils n’arrivent tout simplement pas à prononcer les paroles dans les langues qu’ils ne maîtrisent pas.

Les footballeurs, majoritairement noirs, demeurent souvent silencieux lors des couplets en afrikaans quand les joueurs de cricket et de rugby, plutôt blancs, s’abstiennent lors des passages dans des langues vernaculaires.

Le gouvernement espère qu’en juin, l’hymne deviendra un facteur d’unité comme en 1995 pour la Coupe du monde de rugby. L’équipe sud-africaine, les Springboks devenus champions, avaient appris à le chanter d’un trait.

« Nous sommes vraiment chanceux d’accueillir une deuxième Coupe du Monde, cela nous donne une nouvelle occasion de cimenter notre nationalisme et notre identité », estime M. Masabo.

Il y a un an, les Sud-Africains s’étaient massivement indignés après la suppression, sans aucune explication, des deux derniers couplets lors du match d’ouverture de la Coupe des confédérations à Johannesburg. Signe d’espoir pour le Mondial?

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