Avec ou sans OGM ? Au Burkina, les producteurs de coton sont divisés

Au Burkina Faso, les paysans sont divisés sur l’opportunité de se lancer dans la production massive de coton génétiquement modifié, malgré les opérations de charme des sociétés cotonnières.

Avec ou sans OGM ? Au Burkina, les producteurs de coton sont divisés © AFP

Avec ou sans OGM ? Au Burkina, les producteurs de coton sont divisés © AFP

Publié le 21 mai 2010 Lecture : 2 minutes.

A Zambo, hameau à quelque 300 km à l’ouest de Ouagadougou, Didier Somda, président du groupement de producteurs de coton « Si-sountar », n’y va pas par quatre chemins.

« Les membres de mon groupement me chargent de vous dire qu’ils optent pour le coton conventionnel. Ils ne veulent pas du coton génétiquement modifié (CGM) », lançait-il en début de semaine à l’adresse des cadres et techniciens de la Société des fibres et textiles du Burkina (Sofitex), la plus importante société du secteur.

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Et d’avertir, à l’occasion d’un forum pour le lancement de la campagne 2010-2011: « Si la requête (de ces producteurs) n’est pas prise en compte, ils refuseront simplement de produire le coton. Ils feront autre chose ».

Le coton représentait en 2009 60% des recettes d’exportation du Burkina, où il fait vivre plus de trois millions de personnes.

Pour cette campagne, le Burkina, premier producteur d’or blanc en Afrique subsaharienne, ambitionne de produire 600. 000 tonnes de coton graine (530. 000 en 2009, dont plus de 120. 000 en CGM). Les sociétés cotonnières visent l’ensemencement de 80% des surfaces en coton transgénique (environ 30% actuellement).

Mais des paysans excluent de se convertir à la culture du CGM, amplifiée dans le pays depuis 2008 après des recherches avec la firme américaine Monsanto. Ils invoquent la non-maîtrise des techniques mais surtout les prix des semences (27. 000 francs CFA – 41 euros – contre quelque 5. 200 FCFA pour le conventionnel).

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« C’est trop cher », tranche Domondjilè Somé, approuvé par des dizaines de collègues regroupés au marché de Zambo.

D’autres confient leurs inquiétudes. « On dit que le CGM peut être dangereux pour notre santé, que les femmes allaitantes peuvent manquer de lait en inhalant les pesticides utilisés pour son traitement », avance M. Somda.

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Face à la bronca, Oumar Gadiaga, chargé des intrants et du crédit à la Sofitex, dément tout danger et vante les « bénéfices » du CGM.

« Sur une base de production de 1,3 tonne CGM », les cultivateurs « vont engranger un bénéfice de 60. 000 FCFA (90 euros) à l’hectare », contre « 20. 000 FCFA (30 euros) » pour le conventionnel, assure-t-il.

Pour séduire les paysans, les sociétés cotonnières ont adopté une série de mesures: augmentation du prix d’achat (182 FCFA/kg – moins de 0,3 euro – contre 160 FCFA l’an dernier), maintien des prix des intrants (engrais, pesticides) et même fourniture d’engrais pour produire du. . . maïs.

Elles expliquent aussi que ce coton est moins contraignant pour les paysans.

« Un paysan parcourt 112 km pour traiter chaque hectare de coton conventionnel. Avec le CGM, cette distance est divisée par trois, puisqu’au lieu de six traitements en pesticides par campagne, il n’en réalise plus que deux », argumente Christian Dabiré, agent technique de la Sofitex, dans le village de Zegnedougou (460 km à l’ouest de Ouagadougou).

D’après les autorités, le coton transgénique permettrait aussi d’augmenter la productivité à l’hectare de 35%.

Responsable de producteurs à Dakara, à la frontière avec le Mali et la Côte d’Ivoire, Zanga Mamadou Ouattara est déjà convaincu.

« Les deux années écoulées, je n’ai produit que du CGM. (. . . ) C’est bien meilleur que le coton conventionnel », dit-il, plaidant pour une meilleure sensibilisation.

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