Togo : ouverture des bureaux de vote pour une présidentielle sans grand suspense

Les électeurs sont invités à voter ce samedi matin au Togo. L’élection présidentielle devrait assurer au sortant Faure Gnassingbé un quatrième mandat face à une opposition divisée.

Un partisan porte un tee-shirt à l’effigie du président togolais Faure Gnassingbé, candidat à sa réélection, Sokode, 14 février 2020. © AFP /  PIUS UTOMI EKPEI

Un partisan porte un tee-shirt à l’effigie du président togolais Faure Gnassingbé, candidat à sa réélection, Sokode, 14 février 2020. © AFP / PIUS UTOMI EKPEI

Publié le 22 février 2020 Lecture : 3 minutes.

Quelque 3,6 millions d’électeurs sont appelés aux urnes jusqu’à 16 heures (16 heures GMT) dans les quelque 9.000 bureaux de vote du pays, mais un grand nombre d’entre eux ont déjà annoncé vouloir boycotter un scrutin qu’ils ne jugent ni libre ni transparent.

A Lomé, dans la cour ensablée du lycée Kodjoviakope où Jean-Pierre Fabre, leader historique de l’opposition est attendu pour voter dans la journée, Éric, la trentaine, chauffeur, est arrivé avant 7h (locales et GMT) pour être sûr de mettre son bulletin dans l’urne avant de partir travailler.

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« On souffre trop au Togo, cette fois il faut que ça change. Je ne vous dirais pas pour qui je vais voter mais cette fois on ne veut pas se faire voler la victoire », a-t-il expliqué, ajoutant qu’il reviendrait pour « veiller au dépouillement » dans la soirée.

Dans un autre bureau de la capitale, Balakébawi Agbang, partisan d’Unir, le parti au pouvoir, invitait ses concitoyens à « sortir massivement pour faire le bon choix ». « J’ai voté pour la continuité, afin de permettre à Faure de poursuivre le travail entamé », a-t-il confié.

« Un coup K.O.! »: dans les rues de Lomé ces derniers jours, les supporters du chef de l’État, reconnaissables à leur tee-shirt et casquette bleu ciel, ont continué de scander leur principal slogan pour remporter le scrutin dès le premier tour.

Les résultats sont attendus en début de semaine, selon des sources au sein de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).

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Sept candidats

Faure Gnassingbé ne devrait pas rencontrer d’obstacle majeur à sa réélection, après avoir déjà remporté trois scrutins contestés par l’opposition et la société civile, en 2005, 2010 et 2015.

Il affronte six autres candidats, dont le leader historique de l’opposition Jean-Pierre Fabre, de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo, qui pourrait faire figure d’outsider malgré son profil d’homme du sérail.

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Le président peut se targuer d’un bilan économique plutôt positif, avec une croissance stable de 5% mais ses détracteurs dénoncent une gouvernance autoritaire et la corruption de son entourage.

Le Togo a d’ailleurs connu une grave crise politique en 2017 et 2018 avec des manifestations monstres pour demander la démission du président, mais le Parlement a finalement approuvé une modification de la Constitution lui permettant de se représenter en 2020 et en 2025.

La coalition de l’opposition, la C14, à l’origine des manifestations, n’a pas survécu à cet échec et c’est donc en un front divisé que se présentent ses leaders pour le vote.

Les candidats de l’opposition ont toutefois prévenu qu’ils s’uniraient pour faire barrage à Faure Gnassingbé en cas de second tour, mais ce scénario paraît plutôt improbable.

Absence d’engouement

Dans les rues de Lomé, à Sokodé (centre) ou encore à Dapaong (nord), beaucoup se sont dits « déçus » par l’opposition et ont prévenu qu’ils n’iraient pas voter.

Plusieurs partis de l’opposition ont d’ailleurs décidé de boycotter le scrutin, et l’absence d’engouement populaire a dominé toute la campagne.

Cette semaine, 500 observateurs de la société civile ont perdu leur accréditation, accusés d’ingérence dans le processus électoral, s’ajoutant aux 9.000 observateurs du conseil épiscopal Justice et Paix qui n’ont pas non plus été autorisés à surveiller le vote.

David Dosseh, du Front citoyen Togo debout (FCTD), qui a accusé le pouvoir d’organiser une élection à « huis clos ».

Le président de la Ceni, Tchambakou Ayassor, a en outre annoncé jeudi « l’annulation du système de sécurisation électronique des résultats de vote » qui devrait se faire via un logiciel baptisé « SINCERE », alimentant doutes et spéculations sur la tenue d’un scrutin libre et transparent.

Quelque 315 observateurs internationaux issus majoritairement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) et de l’Union africaine (UA) seront toutefois présents.

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