Le sud du Niger à nouveau confronté à de graves pénuries alimentaires

Après la grande sécheresse de 2005 qui avait durement éprouvé ses habitants, le sud du Niger est à nouveau confronté à une sévère crise alimentaire affectant les hommes et leur bétail.

Le sud du Niger à nouveau confronté à de graves pénuries alimentaires © AFP

Le sud du Niger à nouveau confronté à de graves pénuries alimentaires © AFP

Publié le 20 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

« Nous mangeons une fois par jour au lieu des trois repas habituels », raconte à l’AFP Abdou Garba, un paysan de Tarna, petit village de la région de Maradi (centre-sud).

A côté du vieil homme, des enfants se disputent quelques beignets de haricots. Plus loin, des vaches décharnées broutent sur des ordures.

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En 2005, la région de Maradi, qui abrite plus de 20% de la population du Niger, avait été l’une des plus affectées par la famine qui avait frappé quelque 3,5 millions de personnes, en raison de la sécheresse et de la destruction des récoltes par des criquets.

Cette année encore, le manque d’eau est à l’origine de la disette qui touche le Sahel, et spécialement le Niger.

« Nous et nos bêtes avons faim, c’est le drame de 2005 qui se répète », murmure Ali Galadima, le chef de Tarna.

Mil et maïs, des céréales de base, « ont commencé à bien pousser, puis la pluie s’est brutalement arrêtée pendant deux mois et la chaleur a tout brûlé », se souvient-il.

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Conséquences : les récoltes sont divisées par trois et une majorité d’agriculteurs n’a rien récolté.

« La précédente campagne, j’ai récolté 30 bottes de mil contre seulement onze cette fois, et nos réserves sont déjà épuisées », se lamente Mamane Garba, père de 18 enfants.

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Abdou Ado, agriculteur d’un hameau voisin, n’a « rien récolté »: pour lui, c’est la « descente aux enfers ».

La gravité de la crise pousse de nombreux hommes à fuir les villages en laissant derrière eux femmes, enfants et vieillards.

A Tarna, entre 300 et 500 personnes ont déjà fui vers Maradi, selon Ali Galadima.

Depuis le départ de son mari au Nigeria voisin il y a un mois, Nana-Aïchatou doit nourrir seule ses huit enfants et s’occuper de sa mère malade.

Pour survivre, elle part chaque matin couper du bois en brousse, puis parcourt à pied les trois kilomètres séparant son village de Nassarawa et Maradi, où elle écoule sa marchandise.

« Je gagne en moyenne 500 FCFA (0,7 euro). C’est juste assez pour acheter deux kilos de mil pour faire un repas », explique la jeune femme, un énorme fagot de bois sur la tête.

Le repas? Une simple bouillie mélangée à un peu de lait fermenté.

La situation est également critique dans la région voisine de Zinder, où les familles ont fui « massivement » la disette, selon les autorités.

D’après le ministère de la Santé, la malnutrition gagne du terrain chez les enfants.

Pourtant, les magasins regorgent de stocks de vivres, essentiellement importés du Nigeria. Mais certains commerçants les cachent en espérant les vendre cher plus tard, déplore Hassane Baka, responsable d’une ONG locale.

Début mars, le Niger a lancé « un appel pressant » à l’aide internationale, affirmant que la faim frappait déjà 58% des quelque 15 millions d’habitants.

Pour atténuer ces souffrances, Niamey a lancé des opérations de vente promotionnelle de céréales.

Le pire est cependant à craindre à l’approche de la période de soudure, qui débute en juin avec la campagne agricole pour se clore en septembre avec les récoltes.

Pour permettre aux plus exposés de franchir cette étape cruciale, des distributions gratuites de vivres sont prévues en mai, selon la Cellule de crise alimentaire (CCA, gouvernementale).

Mais l’aide internationale tarde à venir.

Selon l’ONG Oxfam, la crise pourrait toucher « près de dix millions de personnes » lors des prochains mois dans le Sahel, en particulier au Niger.

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