John Garang, candidat fantôme des élections au Sud-Soudan

Son visage s’affiche dans de nombreux endroits de Juba, la capitale du Sud-Soudan, mais il ne participe pourtant pas aux élections en cours. John Garang, leader historique de la rébellion sudiste décédé en 2005, reste manifestement gravé dans toutes les mémoires.

John Garang, candidat fantôme des élections au Sud-Soudan © AFP

John Garang, candidat fantôme des élections au Sud-Soudan © AFP

Publié le 15 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

La mort du fondateur du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM) dans un accident d’hélicoptère, quelques mois seulement après la signature de l’accord de paix Nord-Sud, avait provoqué des émeutes sanglantes.

La lourde charge de lui succéder et d’assurer le poste de président de la région semi-autonome du Sud-Soudan, est revenue à Salva Kiir, actuel candidat à sa propre succession, qui ne paraît pas prendre ombrage de la situation.

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La scène se déroule au palais présidentiel, non loin de l’endroit où repose l’icône sud-soudanaise: Salva Kiir reçoit l’ex-président américain Jimmy Carter à la tête d’une mission d’observation des élections.

M. Kiir égrène un à un les portraits qui ornent le principal mur de son bureau, puis, arrivé à l’ultime présentation, marque un temps d’arrêt. « Et voici notre grand leader », dit-il. « Je sais, je sais », réplique M. Carter.

« Bien sûr qu’il nous manque. Quand votre père meurt, c’est normal qu’il vous manque, non? » déclare à l’AFP Deng Deng, 27 ans, qui garde la tente faisant office de salle d’embarquement de l’aérodrome local de Bor, ville de l’Etat de Jonglei située tout près du village de naissance de John Garang.

A Bor, le mythe Garang semble intact. « Il nous a apporté la paix. Je me souviens du jour (où il est mort), c’était en 2005. Je m’en souviens très bien, mais je ne peux plus vous dire comment je l’ai appris. Il y avait tellement de bruits » sur le sujet, se souvient Deng Deng.

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A quelques centaines de mètres de la piste en terre de l’aérodrome, sur le seuil d’une maison de terre et de paille, Paul Machak joue aux dames avec deux amis, sous l’oeil à moitié endormi d’un policier.

« Il s’est battu pour notre liberté, contre la marginalisation des noirs », clame à l’évocation de John Garang le villageois, toutefois brièvement interrompu par le camarade de jeu face à lui. « Les gens l’idéalisent », marmonne le vieil homme.

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La guerre civile Nord-Sud, à l’origine de deux millions de morts et quatre millions de déplacés, marque très exactement la période entre la fondation du SPLM par John Garang, en 1983, et son décès, 22 ans plus tard.

Mais de l’homme qui fit une partie de ses études aux Etats-Unis, Paul Machak n’en garde visiblement que de bons souvenirs. « C’était un homme bien, un homme éduqué ».

Notant être allé voté dès « le premier jour » (dimanche) des élections législatives, régionales et présidentielles au Soudan qui s’achèvaient jeudi, il enchaîne: « Il aurait été le meilleur candidat pour tous les Soudanais ».

L’accord de paix prévoit la tenue en janvier 2011 d’un référendum sur la sécession du Sud-Soudan. Or John Garang, qui rêvait d’un « Nouveau Soudan » fédéral, démocratique et laïque, était perçu comme plus favorable au maintien de l’unité du pays que son successeur Salva Kiir.

Deng Deng refuse lui d’entrer dans le jeu des comparaisons. « Je ne sais pas si Salva Kiir est un plus grand leader, élude-t-il. Mais bien sûr que c’est un bon leader, il marche sur les pas de John Garang ».

Si le mythe Garang est toujours vivant au Sud, il le demeure aussi dans le nord du pays, musulman, où plusieurs intellectuels estiment qu’il aurait pu sauver l’unité du Soudan, géant africain à la croisée des chemins.

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