Au village de Béchir, les liens familiaux comptent plus que la politique

Lorsque le président soudanais Omar el-Béchir est arrivé au pouvoir en 1989, les habitants de son village se sont rués pour rejoindre son parti. Plus de 20 ans après, ils patientent pour voter pour lui, témoignant de l’importance des liens familiaux au Soudan.

Au village de Béchir, les liens familiaux comptent plus que la politique © AFP

Au village de Béchir, les liens familiaux comptent plus que la politique © AFP

Publié le 13 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

Hosh Bannaga, un ensemble de huttes plantées dans le désert aride à 150 km au nord de Khartoum, était jadis la place forte du Parti unioniste démocrate (DUP), un des principaux partis d’opposition. Mais le village a basculé dans le camp du Parti du congrès national (NCP) de l’enfant du pays à son arrivée au pouvoir.

« Lorsque Béchir est arrivé au pouvoir, tout le monde a changé de camp », grommelle Abdelrahman Mohammed Fateh al-Rahman, dont la famille a refusé de changer d’allégeance, dans le petit bureau de vote installé dans l’école primaire pour garçons où le jeune Omar el-Béchir a usé ses fonds de culotte.

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« Bien sûr que nous avons voté Béchir! Il est d’ici, on doit le soutenir », s’exclame Haidar Omar, en mettant avec fierté son bulletin dans l’urne à l’occasion des premières élections multipartites -présidentielle, législatives et régionales- depuis 24 ans.

Les habitants, des membres de la famille du raïs soudanais pour la plupart, sont reconnaissants pour l’eau courante et l’électricité arrivés jusqu’à eux grâce au président, disent-ils. Certains villages voisins ne sont alimentés que depuis quatre ou cinq ans.

« Nous avons des routes, des services de santé. Il fallait des heures pour aller à Khartoum, maintenant c’est si facile », poursuit Haidar Omar. « On votera pour ceux qui remplissent leurs promesses, et Béchir l’a fait », dit Ali Abdelhamid, 41 ans, un fermier tout comme Haidar Omar.

Dans le bureau de vote, où 1. 200 habitants sont inscrits, des dizaines de femmes attendaient patiemment lundi, sous la chaleur, de pouvoir voter, au second jour d’un scrutin entaché par les problèmes logistiques.

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Marwa, 19 ans, est emballée par l’idée de pouvoir voter pour la première fois. « Je vais sans aucun doute voter pour Béchir », dit-elle.

Devant l’école, des tentes fournissent une ombre bienvenue aux femmes en tenues multicolores et aux hommes tout de blanc vêtus.

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El-Surra Saleh Mohammed, candidate du NCP sur la liste des femmes – 25% des postes de députés sont réservés aux femmes en vertu de quotas – renseigne les électrices, tout en distribuant de la nourriture.

« Nous sommes fiers de lui (Béchir), dit-elle. Particulièrement après ce truc avec (Louis Moreno) Ocampo », le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) en lutte ouverte avec le raïs soudanais. La CPI a émis en mars 2009 un mandat d’arrêt contre le président accusé de crimes de guerre et contre l’humanité au Darfour (ouest).

Les villageois de Hosh Bannaga expliquent que jamais le président ne les a snobés, même après son arrivée au pouvoir.

« Ils ne nous a pas oubliés. Il vient nous rendre visite tout le temps. Il remplit toute ses obligations familiales, il va aux mariages et aux enterrements », raconte Al-Mossaad Mohammed al-Mossaad, enseignant à la retraite et ancien camarade de classe de Béchir, un « jeune garçon calme et très intelligent ».

Les habitants évoquent son « humilité », sa « modestie » et sont prompts à montrer sa demeure, une petite maison d’un étage, dont les recoins sont réservés aux différents membres de sa famille.

Sa belle-soeur, Ghaida, insiste pour offrir le thé aux visiteurs. « Il était ici il y a cinq mois pour des funérailles », rappelle-t-elle.

Un autre proche, Ashraf, explique qu’il l’a vu à Khartoum voici quinze jours. Comme on lui demande s’il est facile de passer voir le président sans invitation, il répond: « bien sûr, on est de la famille ».

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