Afrique du Sud: le tissage de perles traditionnel ressuscité pour le Mondial
Minutieusement, Carow ajoute une perle de verre à son ouvrage, exacte copie d’un collier traditionnel ancien: le tissage de perles, art oublié de l’ethnie sud-africaine xhosa, ressuscite à Port Elizabeth (sud) le temps du Mondial-2010 de football.
« C’est la première fois que je travaille sur de vieux patrons. Je reviens à mes racines, je peux copier ce que mes grand-mères faisaient dans les villages », se réjouit Nocawa Carow Vuso.
Le collier rectangulaire sur lequel elle travaille et que les femmes confectionnaient autrefois pour leurs hommes, porte un nom tout en symbole: isigcina, « gardien de son coeur » en xhosa.
Ces fidèles reconstitutions d’un art centenaire seront montrées aux côtés de la collection originale du Musée d’art métropolitain Nelson Mandela, à deux pas du « fan park » où seront retransmis sur écran géant les matches de la Coupe du monde du 11 juin au 11 juillet.
« Avec l’afflux de visiteurs internationaux, nous avons voulu promouvoir le travail des perles en Afrique du Sud et plus particulièrement les perles de la province de l’Eastern Cape, très différentes et moins connues que celles des Zoulous » par exemple, explique la porte-parole du musée, Jenny Fabbri.
Bracelets, sacs, jupes, bâtons et broches de perles de verre colorées, arrangées selon les dessins typiques des différents groupes linguistiques, sont reproduits à l’identique afin d’être vendus, grâce aux techniques d’antan que les femmes du township apprennent au centre Nomakwesi, créé pour sauver ce savoir-faire disparu.
« Ces objets en perles auront une signification historique et resteront introuvables ailleurs car on ne les fait plus aujourd’hui », souligne la conservatrice de l’exposition, Emma Taggart.
Au début du XIXe siècle, pas une seule cérémonie ne se déroulait dans les villages sans que les gens ne s’ornent de perles. Mais la christianisation d’une partie de la population, l’urbanisation et l’apartheid ont eu presque raison de la tradition.
Depuis vingt ans, les perles reviennent à la mode. Les bijoux réalisés aujourd’hui sont toutefois « de moins bonne qualité » avec des dessins plus simples et des perles chinoises en plastique, regrette Mme Fabbri.
Tenant compte de cette réalité, le musée a l’intention de vendre des objets contemporains, « moins chers et plus funs », comme des colliers avec sifflets que les jeunes portent au village.
Les femmes comptent également sur la Coupe du monde pour proposer, hors exposition, des objets directement liés au football comme de petits drapeaux de perles, des sacs et bijoux aux couleurs des équipes sélectionnées.
Carow, 45 ans, entend ainsi se constituer un petit pécule pendant le Mondial. « Je suis veuve et mes quatre enfants attendent que je ramène chaque jour de quoi manger. Maintenant, ça va aller mieux », sourit-elle.
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