Centrafrique: le gouvernement dit avoir déjoué un projet de putsch
Le gouvernement centrafricain a annoncé samedi sur la radio nationale avoir déjoué un projet de coup d’Etat prévu la semaine prochaine, les renseignements ayant mis en cause l’ex-président Ange Félix Patassé, qui rejette toute implication.
L’annonce de l’échec du projet supposé a été faite par le ministre de la Sécurité nationale et de l’Ordre public, Jules Bernard Ouandé, à l’antenne de Radio Centrafrique dans une déclaration dont l’AFP a obtenu l’enregistrement.
Il a affirmé disposer « depuis hier (vendredi) soir » des informations relatives à ce projet, programmé du 15 au 20 mars, dans lequel seraient impliqués plusieurs militaires et personnalités politiques qu’il a refusé d’identifier. « C’est marqué: +Plan d’attaque+ », a dit M. Ouandé, lisant le document à l’antenne de Radio Centrafrique.
Selon ce texte, l’opération supposée devait débuter lundi par « la rencontre et la vérification des éléments, des commandos, des mercenaires, des kamikazes, ainsi que des miliciens ».
« Distribution des armes, munitions, tenues », « répartition des chefs des opérations », « remise des sous et reconnaissance du terrain », « coupure de toutes les lignes téléphoniques » devaient se dérouler du 16 au 19 mars.
Ces séries d’actions devaient permettre aux auteurs du projet de coup présumé de laisser s’exprimer le « porte-parole de leur mouvement » le 20 mars à 10H00, soit cinq heures avant « l’ouverture des frontières et la déclaration du chef de l’Etat dont je ne veux pas citer le nom », a ajouté le ministre Ouandé.
« Je ne vais pas dire de nom », a-t-il plusieurs fois répété. Il a mentionné un passage évoquant des « renforts des éléments dans le domicile de AFP », généralement utilisés dans le pays pour désigner l’ex-président (1993-2003) Ange-Félix Patassé d’après ces initiales.
« Je peux vous dire que le gouvernement centrafricain au su de ces informations, a pris les dispositions qui s’imposent », a assuré le ministre Ouandé, sans fournir de détails.
Joint depuis Libreville, M. Patassé a réfuté toute implication dans une tentative de prise du pouvoir par les armes, assurant avoir toujours « lutté pour aller aux urnes ». Il a révélé avoir été mis en cause par les services de renseignements dans un rapport adressé à l’actuel président, François Bozizé.
Son entourage a transmis à l’AFP une « fiche spéciale » datée du 8 mars, mentionnant comme objet: « Préparatif de coup de force allant de la période du 15 au 20 mars ».
« Un coup de force est en vue, +hourdi+ (ourdi, NDLR) par les éléments KAMIKAZE commando, mercenaires, expatriés et milices à la solde de l’ex-président +Ange-Flélix PATASSE+ », peut-on y lire.
« Hier (vendredi), j’ai reçu » ce document, « je n’ai même pas pris ça au sérieux », a déclaré M. Patassé, précisant s’être senti visé par ses initiales dans la déclaration du ministre Ouandé.
« En Centrafrique, quand on dit AFP, on pense à Ange-Félix Patassé. J’ai téléphoné au ministre. Il m’a dit qu’il ne s’agissait nullement de moi », a dit M. Patassé, soupçonnant les autorités d’une manoeuvre pour tenter de « (l)’éliminer du circuit électoral ».
Il est candidat déclaré à l’élection présidentielle fixée officiellement au 25 avril, en même temps que des législatives. « J’ai été élu deux fois, cette fois, je vais aller (au scrutin) et je vais gagner! », a lancé M. Patassé, qui a été renversé le 15 mars 2003 par François Bozizé.
Selon un décret présidentiel, la campagne électorale est prévue du 12 au 23 avril. La Centrafrique tente de mener à son terme un processus de paix après avoir été confrontée pendant des années à des rébellions, coups d’Etat et exactions de rebelles, militaires et « coupeurs de routes ».
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