Togo: la manifestation de l’opposition interdite par le gouvernement

Le gouvernement togolais a fait savoir que la manifestation de l’opposition prévue mardi à Lomé pour protester contre les résultats de la présidentielle, officiellement remportée par Faure Gnassingbé, ne serait pas autorisée.

Togo: la manifestation de l’opposition interdite par le gouvernement © AFP

Togo: la manifestation de l’opposition interdite par le gouvernement © AFP

Publié le 9 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

« Les manifestations sur la voie publique ne peuvent être organisées les jours ouvrables parce qu’elles perturbent l’activité », a déclaré à l’AFP le porte-parole du gouvernement, Pascal Bodjona.

Cette interdiction, même si M. Bodjona s’est refusé à prononcer le mot, devrait affaiblir encore l’opposition, qui peine à mobiliser son électorat depuis l’annonce des résultats du scrutin samedi.

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Dimanche soir, le candidat de l?Union des forces du changement (UFC) Jean-Pierre Fabre et trois autres partis d’opposition avaient appelé à une marche suivie d?un meeting, mardi, « pour protester contre les résultats frauduleux du scrutin présidentiel », en réaffirmant que leur candidat était le véritable « président élu ».

Selon les chiffres publiés samedi par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), le chef de l’Etat sortant Faure Gnassingbé, fils du défunt général Eyadéma, a été réélu avec 60,92% des voix contre 33,94% à Jean-Pierre Fabre.

« Fabre mauvais perdant », titrait lundi l?hebdomadaire L?Eveil, reprenant la formule du porte-parole du gouvernement. Ce journal reprochait au candidat de l?opposition de ne pas avoir de « preuves palpables » de fraudes.

De son côté, le journal Le Flambeau des démocrates diagnostiquait une « démobilisation de l?électorat UFC », liée notamment au souvenir des violences post-électorales d?avril 2005 (400 à 500 morts selon l?ONU). « Ce n?est un secret pour personne que le peuple veut l?alternance », mais « les gens ont préféré rester chez eux au lieu d?aller voter », assurait ce journal.

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Signe de la difficulté du parti à mobiliser dans la rue, les commerces et administrations avaient rouvert normalement lundi.

Samedi et dimanche, seules quelques centaines de jeunes militants, avec Jean-Pierre Fabre à leur tête, avaient manifesté pacifiquement pour dénoncer « la misère » et réclamer le « changement ». Ils avaient été immédiatement dispersés par les forces de l?ordre à coups de gaz lacrymogènes.

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En outre, l’UFC semble tiraillée en interne puisque le vice-président de la Commission électorale, membre de ce parti, a validé l?élection.

« Nous n’avons pas trouvé d’éléments sur lesquels batailler pour prouver la fraude », avait assuré samedi à l?AFP ce responsable, Jean-Claude Howawoo.

De son côté, Faure Gnassingbé n?a toujours fait aucun commentaire depuis l?annonce de sa victoire.

Dans le centre et le nord du pays, le président sortant a conservé ce que la presse appelle les « fiefs traditionnels » du Rassemblement du peuple togolais (RPT), au pouvoir depuis quatre décennies.

Mais l?UFC est restée largement majoritaire dans la capitale, dont les habitants disent généralement rejeter « la famille Gnassingbé », en faisant référence au règne sans partage du général Gnassingbé Eyadéma (1967-2005) puis au premier quinquennat de son fils (2005-2010).

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