Fleur du désert, le combat d’un top model contre l’excision
« Fleur du désert », histoire de la vie extraordinaire de Waris Dirie, gardienne de chèvres en Somalie devenue top model, est aussi une croisade contre les mutilations génitales féminines, dont souffrent plus de 100 millions de femmes dans le monde, surtout en Afrique.
Adapté du livre de la top model publié en 1997, le film de la réalisatrice germano-américaine Sherry Hormann sort en France mercredi, deux jours après le centenaire de la Journée internationale des femmes. Il a fait 1,5 million d’entrées l’automne dernier en Allemagne.
Incarnée avec une grande sensibilité par un autre top model, l’Ethiopienne Liya Kebede, la vie de Waris Dirie relève du conte de fée tout autant que du combat contre la violence faite aux femmes et aux sans-papiers.
Fuyant un mariage forcé après avoir été excisée selon la tradition à l’âge de trois ans, l’adolescente de 13 ans se réfugie chez sa grand-mère à Mogadiscio qui lui trouve une place de femme de ménage à l’ambassade de Somalie à Londres.
Lorsque l’ambassade ferme – le pays en pleine guerre civile se retrouve sans gouvernement- Waris Dirie est livrée à elle-même dans la grande ville occidentale, avant d’être repérée par un photographe de mode.
Elle se lie avec Marilyn (Sally Hawkins, Ours d’argent à Berlin en 2008 pour son rôle dans « Be Happy » de Mike Leigh), aspirante danseuse excentrique.
Waris découvre alors que les occidentales ne sont pas soumises à l’ablation du clitoris, des grandes et des petites lèvres ou au rétrécissement de l’orifice vaginal (infibulation) qui conduit fréquemment à des infections, à la formation de kystes ou à la stérilité.
« Vous serez choqués d’apprendre combien de pays dans le monde pratiquent ce crime abominable sans que personne le sache: l’Irak, l’Arabie, le Kurdistan, l’Inde, l’Asie musulmane », a déclaré dans un entretien à l’AFP Waris Dirie, qui est ambassadrice de l’ONU contre les mutilations génitales féminines et reçoit des e-mails sur le sujet du monde entier.
La majorité des cas sont concentrés en Afrique. Selon une estimation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 92 millions de femmes y ont été victimes de mutilations sexuelles, sur un total compris entre 100 et 140 millions de femmes excisées dans le monde.
« On a commencé à tourner le film à Djibouti, au milieu des nomades. Beaucoup de femmes sont venues nous aider et elles étaient presque toutes excisées », se souvient Liya Kebede, qui avait été bouleversée, avant le casting, par la lecture de l’autobiographie de Waris Dirie.
Les Djiboutiennes « savaient que nous faisions ce film contre l’excision mais n’avaient aucun problème avec ça », explique la jeune mannequin et comédienne qui a débuté au cinéma par deux petits rôles dans « Lord of War » d’Andrew Nicol en 200- et « Raisons d’Etat » de Robert de Niro en 2007.
Dans les campagnes de la Corne de l’Afrique, « les filles n’ont pas le choix. La seule perspective qu’elles ont dans la vie est de se marier. Et pour se marier, quelqu’un a inventé cette histoire selon laquelle il faut passer par là », poursuit Liya Kebede, qui a grandi en ville, à Addis Abeba, où l’excision n’est pas pratiquée.
Waris Dirie, qui vit actuellement en Pologne et est mère de deux garçons, porte aujourd’hui un regard très critique sur le milieu de la mode, qui l’a rendue célèbre, mais dont les méthodes brutales sont dénoncées dans le film.
La mode devrait être « l’expression ce que vous êtes et des idées que vous défendez. Aujourd’hui, elle dégrade la femme, lui manque de respect, c’est de la pure maltraitance. «
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