Nigeria: les familles des jeunes filles « choquées » par l’annonce de leur mariage
Les familles des 219 jeunes filles enlevées par Boko Haram dans le nord-est du Nigeria se sont déclarées samedi « choquées » mais pas surprises de l’annonce de leur mariage forcé par le groupe islamiste.
Dans une vidéo obtenue vendredi par l’AFP, Boko Haram a affirmé que les 219 lycéennes enlevées à Chibok ont toutes été converties à l’islam et mariées et a nié tout accord de cessez-le-feu avec les autorités nigérianes, excluant toute perspective future de négociation.
Le chef du Conseil des anciens de Chibok, Pogo Bitrus, a déclaré que cette annonce « était choquante, même si nous savons que Boko Haram n’est pas fiable ».
« Nous restions dubitatifs quant à des négociations autour de la libération de nos filles. Nous n’avons jamais pris le cessez-le-feu au sérieux: ils n’ont jamais arrêté leurs attaques », a-t-il ajouté.
« Ainsi, l’annonce de leur mariage ne nous surprend pas », a assuré M. Bitrus, dont quatre nièces ont été enlevées. « Nous espérons seulement que le gouvernement redouble ses efforts pour tarir cette insurrection ».
L’armée et la présidence nigérianes avaient annoncé, mi-octobre, avoir conclu un accord de cessez-le-feu avec Boko Haram, prévoyant notamment la libération des otages de Chibok.
Mais les violences n’ont pas cessé depuis et de nouveaux enlèvements ont même eu lieu, la semaine dernières, dans le Nord-Est, épicentre de l’insurrection islamiste qui a fait 10. 000 morts ces cinq dernières années.
S’il avait précédemment menacé de vendre les jeunes filles et d’en faire des esclaves sexuelles, le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, avait cependant laissé la porte ouverte à un possible échange d’otages contre la libération d’islamistes emprisonnés.
Dans sa dernière vidéo, il dit en éclatant de rire: « Nous les avons toutes mariées, elles se trouvent dans leurs foyers conjugaux ».
Selon un rapport de Human Rights Watch publié cette semaine, Boko Haram détient plus de 500 femmes et jeunes filles et les mariages forcés sont une pratique courante dans les camps du groupe islamiste.
Enoch Mark, pasteur à Chibok, dont la fille et la nièce comptent parmi les otages, a dit que les familles des filles n’avaient « plus les mots » pour exprimer leur souffrance.
« Depuis qu’elles ont été kidnappées, nous n’avons aucune certitude sur leur situation. Des informations contradictoires ne cessent de nous parvenir », a témoigné M. Mark.
« Dieu seul sait combien de filles ont été kidnappées par Boko Haram », a-t-il lancé. « Nous continuons d’espérer qu’elles nous soient rendues ou, si elles ne le sont pas, qu’elles trouvent du réconfort auprès de Dieu ».
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