Nigeria : la démocratie testée à Anambra avant la présidentielle de 2011
Les habitants d’Anambra, un Etat du sud du Nigeria théatre de troubles politiques fréquents, élisaient samedi leur gouverneur dans un scrutin-test pour la démocratie avant la présidentielle de l’an prochain.
Placées sous haute surveillance policière, les opérations de vote ont démarré plus de trois heures après l’heure prévue dans de nombreux bureaux qui ont reçu tardivement le matériel électoral, ont rapporté des témoins et des journalistes locaux à l’AFP qui a aussi visité des bureaux de vote.
« Nous sommes mécontents de ces retards au démarrage, c’est trop (. . . ) Nous pensons qu’il y a eu un sabotage quelque part. Mais sinon l’élection se déroule sans problème », a déclaré à l’AFP Ikeazor Akaraiwe, président d’un comité de surveillance mis sur pied par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).
L’enjeu de l’élection va bien au-delà des frontières de l’Etat d’Anambra, les observateurs estimant que le déroulement du scrutin donnera le ton pour la présidentielle prévue en avril 2011.
La précédente, en 2007, qui a porté au pouvoir Umaru Yar’Adua, actuellement hospitalisé à l’étranger depuis plus de deux mois, avait été marquée par de nombreuses irrégularités.
Les réformes électorales promises n’ont toujours pas été adoptées et la Ceni chargée du vote d’Anambra est la même que celle qui a été vivement critiquée à la suite de la présidentielle de 2007.
« Cette élection doit être libre, juste et transparente pour que nous soyons un exemple pour d’autres Etats (de la fédération nigériane, ndlr). Il le faut », a déclaré Ikechukwu Okafor, vendeur d’ustensiles de cuisine.
« Il y a plus de policiers que d’électeurs », a remarqué cet homme de quarante ans qui patientait avec une poignée d’autres votants devant l’un des 4. 623 bureaux de vote.
Pour contenir d’éventuels débordements, 23. 000 policiers ont été déployés à travers l’Etat, contre 5. 000 en temps normal. Les habitants ne sont autrorisés à se déplacer qu’à pied, et les magasins sont restés fermés samedi.
En début d’après-midi, aucun incident notable n’avait été rapporté selon Isaac Ringim, assistant auprès de l’inspecteur général de la police.
Si le vote est entâché de fraudes « alors ce sera un coup très sévère contre la démocratie participative au Nigeria », a averti le quotidien The Guardian.
« Il s’agira d’un test pour ce qui se passera dans le pays (. . . ) si cela ne se passe pas bien, cela sera le signe que notre état d’esprit n’a pas changé », a estimé Akuro George, qui dirige la mission d’observation électorale de l’Association des barreaux nigérians (NBA).
Quelque 1,8 million d’inscrits doivent élire leur gouverneur parmi 25 candidats. Aucun n’est clairement favori parmi les quatre principaux prétendants.
Le gouverneur sortant Peter Obi, du All Progressives Grand Alliance party (AGPA, opposition), affronte notamment l’ancien gouverneur de la Banque centrale, Chukwuma Soludo, candidat du Parti démocratique du peuple (PDP), formation au pouvoir qui domine largement la scène politique nigériane.
L’élection du gouverneur d’Anambra, qui retient l’attention au Nigeria depuis des mois, a lieu dans un climat général d’incertitude et de tension à l’échelon national en raison de l’absence prolongée du chef de l’Etat, hospitalisé en Arabie saoudite depuis le 23 novembre.
Les appels se multiplient pour le remplacement de M. Yar’Adua par son vice-président et le principal groupe armé du sud pétrolifère a mis fin a sa trêve il y a une semaine, estimant que le dialogue pour la paix avec les autorités n’avançait pas.
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