En Guinée équatoriale, le président Obiang Nguema gouverne en famille
Le gouvernement équato-guinéen formé le 13 janvier a subi peu de changement par rapport au précédent, gardant une constante: la famille du président Teodoro Obiang Nguema, au pouvoir depuis 30 ans et réélu fin novembre, y est largement représentée.
Fils, neveux, frère, cousins, beaux-frères: sur les 68 membres de l’équipe gouvernementale, tous de la mouvance présidentielle, 11 sont issus de la famille du chef de l’Etat.
En tête, Teodorin Nguema Obiang Mangue, fils du président et souvent présenté comme son successeur potentiel. En charge de l’Agriculture et des Forêts, il a été promu au rang de « ministre d’Etat » dans le nouveau gouvernement mené par le Premier ministre Ignacio Milam Tang. Ce dernier, nommé une première fois en juillet 2008, a été reconduit le 12 janvier dans ses fonctions par le président Obiang Nguema.
Un autre fils du dirigeant équato-guinéen, Gabriel Mbega Obiang Lima, qui était précédemment « vice-ministre », est devenu « ministre délégué » à l’Industrie, aux Mines et à l’Energie. Un troisième rejeton, Ruslan Obiang Nsue, garde lui le secrétariat d’Etat aux Sports.
Quant au poste stratégique de la Défense, il est toujours occupé par un frère de M. Obiang Nguema: Antonio Mba Nguema.
Un neveu du président, Melchor Esono Edjo, est ministre des Finances et du Budget et secondé par une nièce, Montserrat Afang Ondo, nommée vice-ministre chargée de la Trésorerie. Un autre neveu, Baltasar Engonga Edjo, assume le porte-feuille de l’Intégration régionale.
Loin d’être nouvelle, cette importante présence familiale ne choque pas un employé du ministère des Finances et du Budget, Oyo Ryesa: « Le chef de l’Etat nomme les gens selon sa politique, ceux dont il estime qu’ils travaillent bien », dit-il.
Placido Mico Abogo, chef du principal parti d’opposition, la Convergence pour la démocratie sociale (CPDS), pense plutôt que M. Obiang Nguema « continue avec ses proches, enfants, cousins, neveux à désarticuler le pays », les accusant de corruption, « de voler et de s’enrichir au détriment de la population ».
Ce sont les mêmes « qui depuis 30 ans sont au gouvernement », s’échangeant les ministères lors des remaniements, s’insurge-t-il. « Mais ils n’ont jamais prouvé qu’ils étaient là pour résoudre les problèmes du pays », 3e producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne mais dont une grande partie de la population (moins d’un million d’habitants) demeure pauvre.
M. Obiang Nguema, 67 ans, réélu fin novembre avec 95,37% des voix pour un mandat de 7 ans, « est un être humain, il prend les décisions selon son point de vue. Tout le monde ne peut pas être satisfait. Il y aura toujours des gens qui vont pleurer et d’autres rire », commente, philosophe, un fonctionnaire.
Personne n’oublie cependant que les histoires de famille finissent parfois mal en Guinée équatoriale: M. Obiang Nguema est arrivé au pouvoir en 1979 en renversant Francisco Macias Nguema, son. . . oncle et premier président de cette ex-colonie espagnole, qu’il a fait ensuite fusiller. Peu avant ce coup d’Etat, M. Macias Nguema l’avait nommé vice-ministre des Forces armées populaires.
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