Le Tunisien Ferchichi, expulsé de France, sans-papier « en semi-liberté » à Dakar

Condamné pour terrorisme en France, le Tunisien Yassine Ferchichi a purgé sa peine de prison avant d’être expulsé au Sénégal. Mais il veut revenir en Europe car, à Dakar, il affirme être un « étranger sans papier et en semi-liberté ».

Le Tunisien Ferchichi, expulsé de France, sans-papier « en semi-liberté » à Dakar © AFP

Le Tunisien Ferchichi, expulsé de France, sans-papier « en semi-liberté » à Dakar © AFP

Publié le 5 janvier 2010 Lecture : 2 minutes.

« Je suis en semi-liberté depuis mardi dernier (29 décembre). Je suis libre mais je n’ai aucun papier. Je suis livré à moi-même », a-t-il indiqué mardi dans un entretien avec l’AFP et Radio France Internationale (RFI).

« Je ne connais personne ici (au Sénégal). Mes parents sont à Tunis et mes amis en Europe », affirme ce ressortissant tunisien qui dit être né le 14 septembre 1980 à Tunis.

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« Seul l’Etat français peut changer les choses. Je n’ai aucun avenir, aucune espérance » sans cela, ajoute le jeune homme qui dit être cuisinier de formation.

Yassine Ferchichi est arrivé dans la capitale sénégalaise le 24 décembre à l’issue de son incarcération en France où il est frappé d’une interdiction définitive du territoire français.

Après avoir été en « observation administrative » dans un commissariat de police de Dakar, il est libre de tout mouvement depuis le 29 décembre mais a « le sentiment d’être étranger » au Sénégal.

« Je souhaiterais retourner dans un pays où je serais couvert par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) », organisme ayant enjoint la France de ne pas l’expulser en Tunisie, en raison « de risques graves de tortures », selon son avocat.

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Le ministère sénégalais des Affaires étrangères a indiqué le 29 décembre que le Tunisien ne pouvait pas être expulsé dans son pays pour des « raisons humanitaires » mais pouvait choisir la destination de son choix.

« Le souhait, c’est d’être en Europe, près de mes contacts », précise cet homme de taille moyenne, vêtu d’un pantalon kaki et d’un T-shirt beige.

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« Je n’étais pas d’accord pour venir (à Dakar). Je suis monté dans l’avion menottes aux mains attachées derrière ».

Arrêté à Paris en 2005, il avait été condamné en octobre 2008 à six ans et 6 mois d’emprisonnement pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». En cause, sa participation au groupe Ansar al-Fath (les Partisans de la Victoire), dirigé par l’islamiste français d’origine algérienne Safé Bourada, qui aurait projeté des attentats en France.

Bénéficiant de remises de peine, il a été libéré fin décembre.

Selon l’un de ses avocats, Me Joseph Breham, M. Ferchichi avait été arrêté et torturé en 2004 par la police politique tunisienne, puis condamné à deux reprises en Tunisie par contumace, sur le base d’une loi antiterroriste de 2003, pour un total de 32 ans d’emprisonnement.

« J’ai été condamné (pour des accusations liées au terrorisme). Je demande qu’on me laisse prouver le contraire, pour me repentir même si je ne suis pas d’accord » avec ces accusations, ajoute-t-il.

Un « amalgame est souvent très vite fait entre islamiste et musulman », affirme cet homme qui se dit musulman pratiquant.

Le Tunisien loge dans un hôtel de Dakar, qu’il paye sur ses propres deniers. « C’est le système de la débrouille. Je suis venu (à Dakar) avec 3. 000 euros. Il ne me reste plus rien. Tout ce que je demande, c’est d’en finir avec ça ».

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