Un taxi-brousse sénégalais, sept passagers: une comédie musicale est lancée

Sa caméra embarquée à bord d’un taxi-brousse, Dyana Gaye aurait pu se contenter d’un carnet de voyage, entre Dakar et Saint-Louis (Sénégal). Mais cette cinéaste franco-sénégalaise a eu l’audace de se lancer dans une comédie musicale, laissant les passagers se raconter en chansons.

Publié le 29 décembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Vue aérienne sur la gare routière des Pompiers, à Dakar. Des bagages sont ficelés sur le toit d’une voiture Peugeot 504 affaissée. Chacun s’impatiente – « mais où est passé le septième passager? » – quand, soudain, la musique d’un big band résonne et tout le monde se met à danser et chanter.

A chaque personnage sa musicalité, dans ce moyen métrage de 48 minutes. Pour la patronne d’un salon de coiffure qui dit « regretter de n’avoir aimé que gloire et beauté » et « que sa liberté », un blues.

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Mais c’est un twist italien des années 60 qui retentit quand un jeune homme, à l’arrière du taxi, dit son désir ardent d’émigrer vers l’Italie.

Sur la route vers Saint-Louis, quelques baobabs défilent. A la pause, sur un terrain vague, une passagère chante doucement, en ouolof (langue la plus parlée au Sénégal), le père qu’elle n’a jamais connu et qu’elle part enterrer. . .

On pense d’emblée au film musical Les Parapluies de Cherbourg, de Jacques Demy (1964). Et Dyana Gaye admet être « une admiratrice ».

Mais cette jeune réalisatrice, née en 1975 à Paris d’un père sénégalais et d’une mère française d’origine italo-malienne, dit qu’elle s’est surtout nourrie « des comédies musicales classiques des années 1930 à 60, du duo Fred Astaire-Ginger Rogers jusqu’à West side story ».

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La musique originale, composée par le saxophoniste français Baptiste Bouquin, est interprétée par le Surnatural Orchestra (fanfare parisienne) et l’ensemble Les Cordes.

Quant au scénario de cette oeuvre, empreinte de candeur, il assume très bien son final romantique.

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« Nous avons tous besoin de cette innocence mature! », s’est enthousiasmé le musicien et compositeur sénégalais Wasis Diop, vantant « un film sur l’énergie, surprenant, amical », à l’issue de la première à Dakar, fin décembre.

Le casting, une réussite, s’était fait entre Dakar et Paris.

Chacun des comédiens a d’abord chanté son propre rôle, en studio, avant de l’interpétrer en play-back, sur la route. « Pour la plupart d’entre eux, c’était une première expérience de chant, de danse, de jeu », souligne la réalisatrice.

Dans le rôle de la patronne de salon de coiffure, une femme de 59 ans, Bigué N’Doye, qui tient habituellement « une boutique d’artisanat » sur l’île de Gorée. A la ville comme à l’écran, elle apparaît, pomponnée, dans un grand boubou brodé, le portable collé à l’oreille. « Chez moi, même les moutons connaissaient la chanson par coeur, parce que je me levais à 05H00 pour répéter », a-t-elle assuré après la projection.

Quand des spectateurs dakarois demandent à Dyana Gaye pourquoi les musiques de son film tourné au Sénégal sont plutôt d’inspiration occidentale, elle explique simplement: « Je suis musicienne amateur et je trouve que c’est intéressant de ne pas forcément associer une musique sénégalaise à des images sénégalaises ».

« Un transport en commun », récemment diffusé par la chaîne de télévision Arte, a été présenté au festival international du film de Locarno, à Toronto et à Namur. Après avoir décroché le prix du public à Belfort et le grand prix du jury court métrage à Dubaï, il partira bientôt à Sundance, Rotterdam et Clermont-Ferrand. En attendant, « peut-être », glisse la jeune réalisatrice, « une sortie en salles, en juin, en France ».

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