Madagascar: le processus de sortie de crise à l’agonie

La fin de l’année devait enfin marquer une sortie de crise à Madagascar, avec l’installation d’un gouvernement de transition consensuel. Le processus est finalement à l’agonie.

Publié le 23 décembre 2009 Lecture : 2 minutes.

En nommant unilatéralement dimanche un ex-militaire –le colonel Albert Camille Vital– comme nouveau Premier ministre, l’homme fort de la Grande île, Andry Rajoelina, a tourné le dos aux interminables négociations entre les quatre principales mouvances malgaches.

Entamées début 2009 sous la supervision de la communauté internationale, avec l’implication personnelle de l’ancien président mozambicain Joachim Chissano, ces négociations avaient abouti le 9 août à Maputo à la signature d’un accord de partage du pouvoir, censé permettre la tenue d’une élection présidentielle d’ici fin 2010.

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Peine perdue: les mouvances de M. Rajoelina, du président déchu Marc Ravalomanana et des deux ex-présidents Didier Ratsiraka et Albert Zafy ne sont depuis lors jamais parvenues à s’entendre sur le partage du gâteau, à savoir la répartition des postes au sein des futures institutions de la transition.

Visiblement bien peu soucieux du marasme économique et de l’isolement croissant du pays sur la scène internationale, les leaders politiques malgaches ont continué de se perdre en débats abscons et vaines arguties juridiques, donnant à la crise des allures de feuilleton politique tragi-comique.

Rendu furieux par un dernier round de négociations mené en son absence à Maputo début décembre, M. Rajoelina, ex-disc jockey de 35 ans et maire d’Antananarivo arrivé le 17 mars au pouvoir avec le soutien de l’armée, a donc signé la fin du laborieux processus de sortie de crise parrainé par M. Chissano.

Le 16 décembre, jugeant « impossible de travailler en cohabitation » avec ses rivaux, il annonçait la tenue d’élections législatives le 20 mars afin d’élire une Assemblée constituante.

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Dans la foulée, il annulait par décret la nomination du Premier ministre de consensus Eugène Mangalaza, désigné en octobre par les quatre parties malgaches.

Son remplaçant, le colonel Vital, militaire en retraite reconverti dans les affaires, a reconnu que Madagascar était dans une « situation très délicate, voire même effrayante », et s’est fixé « la sécurité » pour priorité.

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L’opposition a dénoncé cette nomination, qu’elle juge « illégale ». Une poignée de partisans de ces trois mouvances ont tenté sans succès mardi d’installer leurs représentants à l’Assemblée nationale, comme le prévoyait l’accord de Maputo. Ils ont été rapidement dispersés à coups de grenade lacrymogène par les forces de l’ordre.

Mercredi, le nouveau Premier ministre devait s’installer dans les locaux de la Primature.

Estimant avoir fait de nombreuses concessions, « TGV » Rajoelina fait désormais cavalier seul, dans une sorte de retour à la case départ du 17 mars, date de son arrivée au pouvoir.

Dans ce contexte, certains observateurs mettent en garde contre un risque de violences. D’autres au contraire constatent que toutes les mouvances peinent à mobiliser dans la rue, où les forces de l’ordre sont très présentes, ce alors que de nombreux Malgaches expriment leur lassitude et sont surtout préoccupés par leurs difficultés économiques quotidiennes.

La médiation internationale, via l’Union africaine (UA), la Communauté des Etats d’Afrique australe (SADC) ou l’ONU, n’a pas encore réagi à ce dernier épisode de la crise malgache.

Prévue le 17 décembre à Antananarivo, une réunion du Groupe international de contact (GIC) sur Madagascar a été reportée après les fêtes de fin d’année, au 6 janvier, toujours dans la capitale malgache, selon une source onusienne.

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