Guinée: les militaires fêtent entre eux le 1er anniversaire de leur putsch

La junte guinéenne fête mercredi le premier anniversaire de sa prise de pouvoir, en l’absence de son chef, Moussa Dadis Camara, soigné au Maroc depuis que son aide de camp a tenté de le tuer.

Publié le 23 décembre 2009 Lecture : 3 minutes.

Cet anniversaire intervient dans un pays en plein marasme, au moment où les pressions s’accentuent sur le régime, internationalement condamné pour ses « crimes contre l’humanité », selon l’Onu.

Dans la nuit du 22 au 23 décembre 2008, le coup d’Etat s’était fait sans violences, quelques heures seulement après l’annonce officielle du décès du « général-président » de 74 ans, Lansana Conté, malade depuis longtemps.

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Les putschistes justifiaient leur action par « la corruption généralisée, l’impunité érigée en méthode de gouvernement, l’anarchie dans l’appareil de l’Etat », après les 24 ans de règne de Conté et de son clan.

Mais, un an plus tard, la Guinée est plongée dans une grave crise économique, sociale et politique. La majeure partie de la population souhaite le départ des militaires, dont elle redoute les violences, près de trois mois après le massacre d’opposants à Conakry. Les manifestations de rue sont interdites et la plupart des leaders de l’opposition restent réfugiés à l’étranger.

« Nous fêtons l’an 1 de cette prise du pouvoir dans un contexte un peu difficile, sur le plan économique et sur le plan social », a admis mardi le ministre secrétaire permanent du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD, junte), le colonel Moussa Keïta.

Il a cependant annoncé l’organisation « de petits manifestations de joie dans les unités et les casernes », avec « une prise d’armes et un repas de corps ».

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Le dirigeant par intérim du pays, le général Sékouba Konaté, devait s’exprimer ensuite.

Quant au numéro un du régime, le capitaine 0Moussa Dadis Camara, la population ne l’a pas revu ni entendu depuis qu’il a été blessé, dans un camp militaire de Conakry le 3 décembre, par les balles de son aide de camp, le lieutenant Aboubabakar Sidiki Diakité, dit Toumba, en fuite.

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La junte ne cesse de diffuser le même message officiel: « Il va mieux et a l’intention de retourner le plus vite possible à Conakry », selon l’ambassadeur de Guinée au Maroc, Mamadouba Diabaté.

Mais, selon un proche du régime, un ministre a récemment confié au général Konaté que le capitaine Camara était dans « un état assez déplorable » et n’arrivait « même pas à s’alimenter ».

« Il n’y aura personne dans les rues de Conakry pour fêter spontanément cet anniversaire », assure le jeune opposant Mouctar Diallo, interrogé à Dakar par l’AFP. « Le bilan de la junte est catastrophique, en termes de gestion des affaires publiques, et la violence militaire, très répandue, a culminé avec le massacre du 28 septembre à Conakry ».

La commission d’enquête sur cette tuerie – au moins « 156 personnes tuées ou disparues » – a remis au Conseil de sécurité des Nations unies un rapport dénonçant des « crimes contre l’humanité » et mettant directement en cause le capitaine Camara lui-même.

« Les détails du massacre (. . . ) sont très pénibles, même à lire. Ce raffinement de cruauté et de torture, en particulier sur les femmes, fait froid dans le dos », a déclaré mardi le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner.

Le ministre français est allé jusqu’à souhaiter que « M. Dadis Camara reste dans son lit au Maroc » et ne revienne pas en Guinée. Son retour pourrait « déclencher une guerre civile », a-t-il avancé.

L’Union européenne a décidé, mardi, de durcir ses sanctions à l’encontre de la junte, en imposant « un gel de tous les fonds et ressources économiques qui appartiennent » à ses membres. L’UE interdira également toute fourniture à la Guinée d’ »équipements susceptibles d’être utilisés à des fins de répression interne ».

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