En Afrique, au Nigeria, les moustiques résistent et profitent du réchauffement climatique

Le Nigeria, où 300. 000 personnes meurent chaque année du paludisme, est confronté à une nouvelle menace: les moustiques vecteurs de la maladie résistent de plus en plus aux insecticides et profitent du réchauffement climatique.

Publié le 10 décembre 2009 Lecture : 2 minutes.

La semaine dernière, un colloque a réuni à Abuja des scientifiques, des responsables politiques et des experts étrangers pour étudier ce phénomène inquiétant.

Les chiffres sont effrayants: selon des statistiques officielles, le Nigeria représente à lui seul plus du quart du million de décès dus à la maladie chaque année en Afrique. Et la moitié de sa population, soit environ 75 millions de personnes, est affectée chaque année au moins une fois. Quant aux enfants de moins de 5 ans, qui sont environ 24 millions, ils font en moyenne quatre crises par an.

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Et selon l’organisation nigériane Roll Back Malaria (Repoussons le paludisme), 97% de la population est exposée au risque du fait de la pauvreté, de l’ignorance et de structures médicales inexistantes.

D’après l’OMS (Organisation mondiale de la santé), le paludisme représente un tiers des hospitalisations et engloutit environ 18% des ressources annuelles d’une famille pour les traitements.

La résistance aux insecticides n’est pas une découverte récente, mais selon les participants au séminaire d’Abuja des signes indiquent que le phénomène risque de s’aggraver, en raison notamment du réchauffement climatique.

« Nous sommes préoccupés par le fait que les moustiques porteurs du paludisme deviennent résistants à tous les insecticides approuvés par l’OMS, dit à l’AFP Peter Cleary, chargé de la communication de la compagnie européenne Vestergaard Frandsen qui fabrique des moustiquaires imprégnées de produits répulsifs.

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Bref, le moustique s’adapte au changement climatique et à tous les produits chimiques utilisés pour le combattre.

« En cas de résistance élevée, les gens utilisent alors des pesticides agricoles » toxiques, explique Yayo Abdulsalam, un chercheur et professeur d’entomologie à l’université Bayero de Kano (nord).

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Les changements climatiques ont de leur côté brouillé les prévisions: « il y a 25 ans, on pouvait établir des tendances, ce n’est plus possible désormais », affirme Chioma Amajor, un responsable du ministère de la santé.

Pour Yayo Abdulsalam, des températures plus élevées, une diminution de la pluviométrie et l’avancée du désert compliquent encore plus la lutte contre le fléau.

« Ces changements climatiques concernent aussi bien les moustiques que les êtres humains. Quand il fait trop chaud la nuit à l’intérieur des maisons, les gens dorment dehors. Les moustiques suivent », dit-il AFP.

« Face à cette résistance, nous devons prendre des mesures pour être certains que les quelques insecticides à notre disposition seront efficaces », avertit Sam Awolola, de l’Institut nigérian de recherche médicale.

Pour aggraver encore la situation, des chercheurs soulignent que la résistance de l’anophèle femelle, le vecteur de la maladie, pourrait encore augmenter à cause de moustiquaires bon marché et de mauvaise qualité, voire des contrefaçons qui rentrent au Nigeria clandestinement.

« Au lieu d’être imprégnées à 100%, ces moustiquaires ne le sont qu’à moitié, ce qui fait que le moustique ne reçoit que 50% du produit, survit, et passe le gène de résistance à la génération suivante », explique Sam Awolola.

A fin 2010, le gouvernement s’est fixé comme objectif la distribution de 62 millions de moustiquaires.

Deji Asa, un médecin de Lagos habitué du palu, combat à sa façon chez lui: « je change d’insectide régulièrement parce qu’au bout d’un certain temps, les moustiques ne meurent plus après une pulvérisation ».

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