Réfugiés climatiques: qui va accueillir toute cette misère?

D’ici 2050, des dizaines de millions de personnes seront contraintes de quitter leurs terres rendues inhabitables par l’évolution du climat. Mais leur sort reste ignoré des négociations internationales.

Publié le 28 novembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Ces déplacements massifs de population seront motivés par la hausse du niveau des océans, des sécheresses persistantes, des inondations récurrentes, l’insécurité alimentaire, les pénuries d’eau ou l’usure des sols.

« Aujourd’hui, la notion de réfugié s’applique aux personnes persécutées ou victimes de violence, il n’y a aucune obligation d’accueillir ceux qui fuient la pauvreté. Qui, à l’avenir, va accueillir toute cette misère? », interroge Jean-François Durieux, responsable du changement climatique au HCR, le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, à la veille de la conférence climat de Copenhague.

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« Le déplacement des populations, c’est l’enfant oublié: on n’en parle pas dans les négociations internationales alors qu’il s’agit d’une problématique prioritaire », regrette-t-il.

Le HCR dénombre actuellement 26 M de déplacés et 12 M de réfugiés dans le monde. Pour les migrants environnementaux, les estimations vont de 50 M au milliard de déplacés d’ici 2050, selon le Fonds de l’ONU pour la population (FNUAP).

Mais l’estimation la plus fréquente tourne autour de 200 M, le plus souvent poussés au départ par « une dégradation insidieuse de l’environnement » – qui rendra le retour impossible.

Ces migrations massives toucheront prioritairement les zones côtières en développement, les grands deltas, les petites îles et l’Afrique subsaharienne. « On évoque maintenant une hausse de 2 mètres du niveau des océans en 2100 », note Stéphane Hallegatte, chercheur à Météo France, alors que 60% des 39 plus grandes métropoles se concentrent sur les côtes.

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Dès lors, faut-il attendre que se produise l’inévitable ou anticiper les fuites désespérées? « Faciliter les politiques migratoires, au plan national et international et assurer un transfert de ressources vers les pays qui seront les plus touchés » paraît un minimum à François Gemmene, de l’Institut du développement durable et des relations internationales.

« Les pays en développement ne pourront faire face à cette charge supplémentaire: les migrants accroîtront la pression démographique sur des zones déjà affectées par des pénuries », ajoute-t-il. « Le débat est de laisser les gouvernements gérer le processus selon leur méthode ou d’essayer de le coordonner au niveau international », explique Alexander de Sheribinin, à l’Université de Columbia à New York.

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Mais pour lui, « étendre l’actuelle Convention de l’ONU sur les réfugiés risque surtout de diluer son efficacité ».

« La majorité va rester à l’intérieur des frontières nationales: il faut alors définir les meilleures pratiques possibles pour leur réinstallation. Quant aux réfugiés, ils gagnent de façon écrasante l’Etat voisin, comme les Afghans au Pakistan, donc un autre pays en développement: Je ne pense pas que ces Etats souhaitent avoir une nouvelle catégorie de migrants sous protection internationale », ajoute-t-il.

Au HCR, Jean-François Durieux prévient également: « Si on essaie de promouvoir une obligation d’accueil sur le long terme, on n’arrivera à rien. Encore faudrait-il s’assurer de son respect et être en mesure d’établir clairement un lien avec des causes climatiques ».

Pour l’expert, les Etats restent « réticents, voire hostiles » à ouvrir la discussion.

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