Namibie: les diamants ne sont pas aussi éternels que l’uranium
Découverts il y a un siècle dans le désert de Namib, les diamants constituent toujours la première source d’exportation de la Namibie mais la baisse de la demande et des réserves pousse le pays à se diversifier dans les gisements prometteurs d’uranium et de gaz.
L’Organisation des peuples du sud-ouest africain (Swapo), le parti au pouvoir issu du mouvement indépendantiste qui semble assuré d’être réélu lors des élections générales vendredi et samedi, a porté en 19 ans l’industrie du diamant au sixième rang dans le monde et la production d’uranium à la quatrième place.
Elle a, quatre ans après l’indépendance du pays en 1990, tenu à développer le secteur diamantifère en créant une co-entreprise d’extraction et de polissage, Namdeb, détenue à parts égales par le gouvernement et le géant sud-africain De Beers.
Mais, face à la crise économique mondiale, Namdeb a dû diminuer de moitié en 2008 sa production – à 517 millions d’euros – et sa masse salariale, alors que ce pays de deux millions d’habitants connaît déjà un taux de chômage de 40%.
En outre, les réserves diamantifères identifiées seront épuisées d’ici l’expiration de la licence de De Beers en 2020.
Les autorités se tournent donc vers le gaz et l’uranium, dont les énormes gisements pourraient propulser la Namibie au rang de premier producteur mondial.
« La production d’oxyde d’uranium a brutalement augmenté en 2008, portant pour la première fois la Namibie de sixième à quatrième producteur mondial, après le Canada, le Kazakhstan et l’Australie », souligne l’économiste Robin Sherbourne.
Jusqu’à présent, ce matériau de base pour le combustible nucléaire n’est exploité que sur deux sites qui en produisent quelque 5. 000 tonnes par an.
Présente depuis les années 1970, la principale mine, Rössing, est détenue à 68,6% par le géant australien Rio. Mais de nouvelles mines s’ouvrent et d’autres devraient suivre prochainement. « Plus de 40 licences exclusives de prospection d’uranium et 12 licences d’exploitation ont été délivrées », selon Joseph Iita, secrétaire permanent du ministère des Mines.
Les perspectives sont prometteuses. En septembre, une autre entreprise australienne, Extract Resources, a annoncé de nouveaux gisements d’uranium qui pourraient être exploités pendant vingt ans.
Les autorités entendent également développer le gisement gazier offshore de Koudou. La compagnie britannique Tullow Oil et le Russe Gazprom, qui a signé en juin un accord avec l’entreprise publique namibienne Namcor pour construire une centrale électrique au gaz, ont dit leur intérêt.
Pour réussir ce tournant énergétique, essentiel pour la survie du pays, deux défis devront cependant être relevés: l’eau et l’énergie. Dans le désert, l’eau indispensable pour contrôler la poussière et les radiations des mines est absente. Le Français Areva a construit une usine de désalinisation sur la côte atlantique proche, qui pourrait répondre à terme à des besoins croissants.
Pour alimenter les mines, la Namibie doit également régler sa crise énergétique si elle veut pleinement profiter du boom mondial du nucléaire. Elle importe aujourd’hui la moitié de son électricité d’Afrique du Sud mais envisage la construction de centrales à charbon ou à gaz et parle d’une usine nucléaire à l’horizon 2018.
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