Les accusations de financements occultes concernant la Françafrique portées par l’avocat Robert Bourgi avaient provoqué l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris. Qui l’a classée sans suite, essentiellement en raison d’un délai de prescription.
Angolagate, dossiers Elf et Bourgi… Pourquoi les avocats africains de l’Hexagone sont-ils exclus des grands dossiers de la justice française où l’honneur de l’Afrique est en jeu ? C’est la question que posent, dans une lettre ouverte aux chefs d’État africains parvenue à J.A., vingt et un professionnels originaires du continent inscrits aux barreaux de Paris et de sa banlieue, dont Augustin Kemadjou, le président de l’Association des avocats africains et antillais de France. L’un d’eux confie : « Cette lettre s’adresse à tous ces chefs d’État africains qui se méfient de nous sous prétexte que nous serions incapables de garder des secrets ou susceptibles de nous retourner un jour contre eux. » En d’autres termes : Messieurs les chefs d’État, ayez confiance en nous ! Extraits…
L’ancien secrétaire d’État à la Coopération avait appelé « au décès de la Françafrique », en janvier 2008. Deux mois plus tard, il était débarqué. Jeune Afrique l’a consulté pour avoir son sentiment sur les récentes déclarations de Robert Bourgi, qui affirme avoir fait transité des mallettes « pleines de billets » entre des présidents africains et des personnalités politiques françaises, dont Jacques Chirac.
La machine à billets de la Françafrique, dénoncée récemment par l’un de ses acteurs, Robert Bourgi, a aussi fonctionné durant les années Mitterrand. L’entreprise Elf en était une pièce maîtresse.
En 2009 et 2010, six télégrammes de l’ambassade américaine à Paris, révélés par WikiLeaks, évoquent le rôle de Robert Bourgi dans les affaires africaines. Morceaux choisis.
Les révélations de Robert Bourgi étalent au grand jour les financements occultes en France en provenance du continent. Quelle est la crédibilité de ces accusations ? Pourquoi ce « porteur de valises » s’est-il mué en imprécateur ? Jusqu’où ira-t-il ? Enquête exclusive.
L’ancien Premier ministre gabonais Jean Eyeghe Ndong a assuré mercredi que l’envoi de « valises d’argent » était une pratique courante entre Omar Bongo et « certaines autorités françaises ». Il cite également des versements au fondateur du Front National Jean-Marie Le Pen.
Abdoulaye Wade ne portera finalement pas plainte en diffamation contre Robert Bourgi devant la justice française. Une décision prise après les rétractations de l’avocat, qui avait d’abord accusé le président sénégalais et son fils Karim d’avoir donné de l’argent en liquide à d’anciens dirigeants français.
Si le chef de l’État burkinabè, Blaise Compaoré, n’entend pas répondre publiquement aux allégations de Robert Bourgi, il confie volontiers, en privé, s’être « toujours méfié de ce personnage amer qui règle ses comptes ».
Le numéro deux du régime ivoirien déchu de Laurent Gbagbo, Mamadou Koulibaly, qui a confirmé les accusations de Bourgi sur un transfert d’argent entre Abidjan et Paris, avait cherché à « balancer » en 2007.
Abdoulaye Wade a confirmé à son entourage son intention de porter plainte à Paris et Dakar contre Robert Bourgi pour diffamation, après que celui-ci l’a mis en cause dans des financements occultes de personnalités politiques françaises. Si elle se traduit dans les faits, la procédure lancée par le président sénégalais devrait rejoindre en France celles de son fils Karim, mais aussi de Jacques Chirac, Dominique de Villepin et Jean-Marie Le Pen.